Bien que la volonté d'ouverture audiovisuelle ait été exprimée par les autorités algériennes, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd Belaïd, insiste sur la prudence. «L'ouverture audiovisuelle se fera de manière étudiée, réelle et graduelle avec la participation des professionnels du métier», a souligné le ministre, hier à Alger, en marge d'un séminaire sur l'audiovisuel. C'est dans cette perspective que le ministère de la Communication a organisé une rencontre de deux jours à partir d'hier à laquelle il a invité plusieurs professionnels et spécialistes algériens et étrangers venus de France, de Belgique, du Maroc et de la Tunisie pour participer à des débats et ateliers. L'objectif de ce rendez-vous, déclare le ministre dans son discours inaugural, est de prendre en considération toutes les expériences des pays déjà bien avancés dans le domaine de l'audiovisuel afin d'éviter les mêmes erreurs, mais aussi tirer profit des propositions exposées et les débattre pour «en sortir avec des formules et des méthodes pour faire face aux besoins de la demande croissante sur la transmission satellitaire, renforçant ainsi la liberté d'expression et la liberté de la presse sous toutes ses formes et soutenant la pluralité intellectuelle et politique». Le ministre a, dans ce sens, maintenu l'importance de réguler et d'organiser le secteur audiovisuel pour éviter des ouvertures anarchiques. Selon lui, les chaînes privées existant en Algérie seront régulées par la nouvelle loi audiovisuelle sur laquelle le ministère de la Communication et le gouvernement travaillent afin qu'elle soit prête à la fin du premier semestre de l'année prochaine. «L'objectif de la loi sur l'audiovisuel, en cours de préparation conformément à la loi organique sur l'information qui a consacré huit articles pour l'activité audiovisuelle, est de prendre en considération l'évolution du quotidien algérien», précise-t-il. Le ministre s'est montré compréhensif envers le mécontentement des téléspectateurs quant aux programmes proposés par les canaux nationaux. A ce titre, il a affirmé que son département travaillera pour encourager la qualité et la variété dans la production des programmes, et ce, sous différentes formes, notamment par la formation et la concurrence loyale. «Cette dernière se fera selon des normes de qualité et de professionnalisme pour promouvoir la production nationale», a-t-il ajouté. Questionné par les journalistes sur l'avancement du projet de leur statut, le ministre de la Communication a répondu qu'il y aurait «d'autres actions qui sont peut-être prioritaires telles que la carte professionnelle qu'il faut mettre au point, l'autorité de régulation de la presse écrite qu'il faut créer et installer, et dont le processus est en cours, ainsi que l'autorité de régulation de l'audiovisuel qui est prévue dans la prochaine loi qu'il faut mettre en place». Le ministre a indiqué que c'est tout un chantier qui est lancé et dans lequel il y aura bien évidement le statut du journaliste. «Mais il faut que ces derniers s'organisent et qu'ils aient des représentants élus, parce que l'un des problèmes majeurs que rencontre la profession aujourd'hui est l'absence d'un syndicat représentatif à 100% de l'ensemble des journalistes», soutient-il. Quant à la carte professionnelle des journalistes, il a fait savoir que celle-ci sera prête, d'ici la fin du mois de janvier prochain, conformément à la loi organique de l'information après que les journalistes s'organisent». Selon les propos de Mohamed Saïd, la loi sur la publicité est également prévue, et ce, pour la fin de l'année 2013 et il y aura «peut être aussi la loi sur le sondage et une autre sur l'information électronique». En tout, il y a toute une batterie de textes qui sont prévus pour le secteur de l'audiovisuel, de l'information, de la presse et de la communication en 2013 et c'est «la profession qui en gagnera». Sur une question qui lui était posée sur les endettements des éditeurs de presse, il dira que ces dettes qui posent encore problème remontent aux années 1990. Cette question n'est pas encore tranchée contrairement à ce qui a été dit dans la presse mais elle est en étude. Il s'agit de «deniers et de fonds publics qu'on ne peut pas décider d'effacer facilement», souligne-t-il. Cependant, il a indiqué que l'endettement des éditeurs de presse n'est pas aussi grave qu'on le pensait.