Poursuivant leur objectif d'éviction d'Ahmed Ouyahia et son staff de la direction nationale du RND pour le motif de gestion catastrophique du parti, les opposants sont allés jeudi à Batna pour frapper un coup fort. D'anciennes grosses pointures du RND qui ont occupé des postes de ministres à l'instar de Amar Zegrar, ex-secrétaire général de la présidence de la République et ex-ministre d'Etat à l'époque de Lyamine Zéroual, Mouldi Aïssaoui, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, et Belaib Bakhti, ex-ministre du Commerce, se sont retrouvés jeudi en «meeting politique» à la salle de cinéma Annasr de Batna. S'adressant à une salle comble où l'on notait la présence en force des pro-Guidoum, venus de Sétif, d'Oum El-Bouaghi, de Khenchela et de Biskra, les représentants de la coordination nationale des opposants au SG du RND ont tenu à expliquer leur démarche et les motivations de leur lutte pour sauver le RND de son impasse qualifiée d'historique. Exclusion massive des cadres du RND Tout à tour, Zegrar, Mouldi et Bakhti ont informé l'assistance des tenants et aboutissants de leur mouvement de redressement du parti RND, lequel, selon eux, aura dévié de la voie tracée initialement par son géniteur feu Abdelhak Benhamouda, le militant de «l'Algérie debout». Le mouvement pour la destitution de Ouyahia a été déclenché par les nombreux cadres appartenant au RND mais marginalisés et /ou exclus depuis que les dirigeants actuels du parti aient décidé de les mettre à l'écart au profit d'opportunistes, de médiocres et de «baggara», a-t-on rappelé dans la salle. Pourtant, regrette-t-on, le RND aurait dû être – logiquement parlant – un vrai parti de l'action politique pour la défense et la promotion de la tendance nationaliste. A terme, le RND aurait ambitionné de remporter le pouvoir – au sommet du système politique – et ce, en fonction d'un programme proposant la modernisation du pays, la révision des bases de démocratisation, l'encouragement de la circulation et l'ascension de l'élite et cadres des nouvelles générations, outre un bon plan de développement national reposant sur la valorisation d'une multitude de sources de richesses d'avenir autres que le pétrole et surtout une stratégie infaillible en matière de justice sociale et égalité des chances pour l'accès à la classe moyenne. Les opposants à Ouyahia se disent outrés par le système des désignations autoritaires au RND, s'apparentant plus à une administration «totalitaire» qu'à une structure politique démocratique. C'est cela, pour les délégués dépêchés à Batna, qui a empêché l'instauration des vraies règles de fonctionnement démocratique au sein du parti dont les Algériens en espéraient beaucoup au départ pour divorcer avec l'unicité de pensée et d'action dont la langue de bois et la démagogie populiste. En quinze années de règne à la tête du RND, la direction du parti aura lamentablement échoué à faire de cette structure nationale une alternative politique crédible et d'avenir pour le pays et les populations. Si pour Aïssaoui Mouldi, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, l'objectif de la destitution de Ouyahia et son équipe de Béni-oui-oui constitue pour ses opposants un défi majeur, l'actuel climat de mobilisation des réfractaires à la poursuite du règne d'Ouyahia relèverait – d'après Amar Zegrar, d'une poussée révolutionnaire qui couvait des années durant au sein des structures nationales et locales du parti et ses périphéries. Sauver le RND de la faillite décisive En rappelant à ceux qui ne sont pas dans le secret de «Dieu» que les deux récentes interviews de presse du professeur Yahia Guidoum – chef de file de cette opposition dite «éclairée» , lequel combat parallèlement contre une avancée inexorable d'un cancer le dévorant à petit feu – traduisent la synthèse de base du militantisme new look mené par l'élite du parti, appuyée par la base et un peu partout sur le territoire national. L'on indique que Ouyahia n'a point réagi à ce jour aux messages clairs qui lui ont été lancés. Il a été plutôt enregistré la propagation d'une rumeur colportée comme étant une offre de réconciliation du clan Ouyahia avec les opposants. Mais ces derniers maintiennent en droite ligne leur position stratégique de combat : Faire sauter la «tête» du système Ouyahia dans le RND afin, dit- on, de protéger et sauver le parti d'une faillite très prochaine. Cette démarche vise à opérer le redressement et le retour qualitatif du RND sur la scène politique nationale. En 2002, Ouyahia n'avait -il pas été acculé à rentrer chez lui n'eut été certains qui sont allés le «récupérer» pour leurs intérêts et non pour les intérêts du parti et du pays? A Batna, jeudi, des cris de «Ouyahia dégage» ont fusé dans la salle de cinéma «An-Nasr». Les délégués du conseil national des opposants, Zegrar, Mouldi et Bakhti, ont tenu à clarifier les intentions lors d'un briefing avec la presse locale : Ouyahia est combattu pour sa mauvaise gestion du RND et aucunement eu égard à son ambition personnelle pour sa candidature à la prochaine élection «présidentielle». Le communiqué final, diffusé à la presse, fait état de trois points essentiels à savoir qu'un quitus est donné au professeur Yahia Guidoum en tant que coordinateur national jusqu'à l'aboutissement final des revendications de l'opposition, invitation de Ouyahia à remettre sans tarder son mandat, et l'engagement des militants de l'opposition à travers le territoire national autour de ce mouvement de Guidoum pour la défense et la consécration de ses principes et objectifs.