« Nous sommes unanimes pour dire que les chances d'atteindre une solution politique existent toujours », ont-ils dit, prenant le soin de préciser que la Syrie actuelle est sous la menace de devenir « une deuxième Somalie ». Serguei Lavrov, qui a accueilli, jeudi, Fayçal Mokdad, le vice-ministre des Affaires étrangères syrien, a appelé, le lendemain, le président Bachar Al Assad à faire le « maximum » pour concrétiser ses intentions de dialoguer avec l'opposition, et affiché sa disponibilité à rencontrer les représentants de la coalition nationale de l'opposition « où ils veulent et quand ils le veulent », restant ouvert aux contacts avec tout le monde. Jusqu'à quand ? Le président Assad refuse de quitter le pouvoir, comme le réclament avec insistance des pays occidentaux et arabes. « Il a déclaré à maintes reprises qu'il n'a l'intention d'aller nulle part, et qu'il resterait à son poste jusqu'au bout », révèle Lavrov, ajoutant qu'« il n'est pas possible de changer cette position ». Invité à Moscou, qui plaide pour le retour des observateurs de l'ONU en Syrie, Moaz El-Khatib, le chef de la coalition de l'opposition, refuse de s'y rendre. « Si nous ne représentons pas le peuple syrien, pourquoi nous invitent-ils ? Et si nous représentons le peuple syrien, pourquoi la Russie ne réagit-elle pas en publiant un communiqué condamnant clairement la sauvagerie du régime et exigeant la démission du président Assad, ce qui est une condition préalable à toute négociation ? », tempête-t-il. Dialogue de sourds ? Brahimi pense encore pouvoir éviter à la Syrie de devenir « une deuxième Somalie ». « Nous devons tous travailler sans relâche en vue d'une solution politique pour éviter l'enfer », dira-t-il, ajoutant que « même un changement de régime n'aboutira pas à une résolution du conflit ». « Si un évènement malheureux devait survenir à Damas, et qu'un million de personnes cherchent à quitter la ville, ils ne pourraient se rendre qu'à deux endroits : la Jordanie et le Liban. Or, ni le Liban ni la Jordanie ne peuvent supporter 500.000 réfugiés », explique l'émissaire onusien à une opposition qui refuse tout. Y compris un gouvernement doté de « tous les pouvoirs » et le maintien de Bachar Al Assad à un poste honorifique de président ! Des milliers de manifestants ont accusé, vendredi, à travers la Syrie, Brahimi, de « délivrer un certificat d'innocence à Al-Assad ». Loin des agitations de la coalition nationale de l'opposition, le Front Al-Nosra se prépare à l'après-Assad où le pouvoir, dit-il, « devra revenir aux moudjahidine ». Abou Mohammad Al-Joulani, le chef de cette organisation, directement liée, selon Washington, à al-Qaïda en Irak, a évoqué, vendredi, son ambition d'instaurer une gouvernance islamique dans toute la Syrie. Une gouvernance qu'il aurait entamée en partant en guerre contre cinq villages chrétiens, alaouites et druzes, comme il l'a fait le 17 décembre dernier, et proclamant Alep « émirat islamique ».