Après les succès national et international de Mascarades son premier long métrage, sorti en 2008, le réalisateur franco-algérien Lyes Salem s'apprête à retourner, dès mars prochain, derrière les caméras pour réaliser un second opus intitulé El-Wahrani. Le titre, n'est sans doute, pas définitif mais le projet, lui, est bel et bien mis en branle. Le réalisateur qui a supervisé en décembre dernier, des séances de casting à Oran, — la ville qui lui a inspiré l'histoire et où le tournage aura lieu — devrait se lancer dans la réalisation dès le mois de mars. Trois ans après Mascarades, un film qui a décroché plusieurs distinctions lors de festivals prestigieux, Lyes Salem se remet au travail avec un défi à la carte : celui de tenir la dragée haute à son premier film. D'une durée de deux heures, El- Wahrani est, selon les propos du réalisateur, rapportés par l'APS, «une histoire 100% oranaise qui s'étale sur trois décennies qui ont suivi l'indépendance du pays (...). Il s'agit d'une fresque sur l'amitié de deux hommes qui se retrouvent après la guerre, l'un, membre d'une délégation du FLN ayant sillonné le monde pour plaider la cause nationale, et l'autre, combattant de l'ALN, revenu après cinq ans passés au maquis». Débutant en 1962, l'histoire se déroule jusqu'en 1988, prenant ainsi fin à la veille des événements d'octobre. «Elle retrace le parcours des deux amis et leur évolution dans une Algérie victorieuse, pleine de rêves et de promesses», ajoutera encore Lyes Salem, par ailleurs, scénariste du film. Ce film sur l'identité sera une occasion pour le réalisateur d'aborder des questions inhérentes à cette problématique. En posant les questions idoines, il tentera d'apporter des réponses, notamment par le biais de l'un des personnages-clé de ce film, un enfant né d'un viol commis par un soldat français sur l'épouse de l'un des deux personnages. Ce dernier qui a adopté l'enfant et l'a élevé comme son propre fils, finira pourtant par se retrouver face à ce terrible dilemme : taire la vérité ou tout avouer à son fils ? Concernant le lieu de tournage, Lyes Salem expliquera qu'il a jeté son dévolu sur El-Bahia pour ce qu'elle offre comme diversité identitaire. Cette ville cosmopolite était pour lui, idéale, pour accueillir son histoire. Selon toute vraisemblance, les rôles des deux amis devraient être campés par l'acteur-réalisateur Khaled Benaissa et par Lyes Salem himself qui, tel qu'il le dit «écrit des films dans lesquels il joue». Il réitère ainsi l'expérience de Mascarades où il a interprété le rôle de Mounir, le frère de Rym, jeune fille atteinte d'une maladie étrange, la narcolepsie. Natif d'Alger où il a vu le jour en 1973, Lyes Salem après avoir été élève au lycée Molière, étudie les lettres modernes à La Sorbonne, avant de s'inscrire pour une formation à l'Ecole du Théâtre national de Chaillot et au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Sur scène, il a joué dans des pièces du répertoire classique et moderne. En 1998, il met en scène et joue Djelloul, le résonneur d'après Les Généreux de Malek Alloula. Ses débuts au cinéma et à la télévision, il les devra à Maurice Failevic, Benoît Jacquot et Hamid Krim. Ce qui lui donnera le goût de la réalisation, dans laquelle il se lancera en 1999 avec un premier court-métrage intitulé Lhasa, suivi en 2001 de Jean-Farès qui décroche le Prix du meilleur court-métrage au 12e Festival du cinéma africain de Milan en 2002 ainsi que le Prix jeune public à Montpellier. Un an plus tard, il réalise Cousines, un court-métrage sur l'évolution des mentalités dans une société en mutations qui lui vaudra de nombreux prix internationaux et un César. Lyes Salem a joué dans un grand nombre de productions, notamment Banlieue 13 de Pierre Morel, Délice Paloma de Nadir Moknèche, Munich de Steven Spielberg, La tête en friche de Jean Becker ou encore Il était une fois...peut-être pas de Charles Nemes. 2008 sera une grande année puisqu'avec la sortie de Mascarades, Lyes Salem connaîtra un succès international, allant même jusqu'à représenter l'Algérie aux Oscars.