L'an dernier, le CA Bordj Bou-Arreridj a été sacré champion de la ligue 2. Depuis, le club entame une véritable descente aux enfers au point de se classer pas loin du bas du tableau du championnat national de la Ligue 1. Quelles sont les causes de cette chute vertigineuse ? Les tigres des Bibans ont les griffes cassées. Ils sont tellement mal en point qu'ils n'ont plus la force de réagir. Affaiblis, battus, meurtris... Ils souffrent. Ils sont même sur le point d'avoir une syncope. Les finances du club sont dans le rouge l'obligeant à lever le pied sur les recrutements : environ 15 milliards de centimes de déficit. Le tableau est à la fois terrifiant et désolant. Pourtant, il y a un an, tout semblait être parfait ou presque. Le CABBA, l'un des grands clubs ayant marqué l'histoire du football algérien, survolait la scène footballistique nationale. Avec brio, il tenait tête aux gros calibres. Et malgré le rythme d'enfer qu'on imposait aux joueurs, qui doivent assurer la remontée en Ligue 1, ils arrivaient toujours à s'en sortir avec les honneurs. Aujourd'hui, le CABBA peine à trouver le chemin de la victoire lors des matchs du championnat national de la Ligue 1. Une défense fragilisée, une ligne d'attaque en panne d'agressivité et un milieu de terrain inefficace, l'équipe bordjienne est devenue méconnaissable. Collectionnant les contre-performances, l'ancien champion de la ligue 2 a fini par s'engouffrer en bas du classement de la ligue 1. A mi-parcours du championnat, le CABBA n'est qu'à deux doigts de la zone de relégation (11e sur 15). La chute a été vertigineuse. Il sera donc difficile de redresser la barre et de rattraper le temps perdu. Quelles sont les raisons du malaise qui ronge actuellement le club ? Comment ce grand club a-t-il pu en arriver là ? Pourquoi n'a-t-il toujours pas pu sortir de l'impasse ? Pour comprendre la crise que traverse l'équipe du CABBA, il faut revenir en arrière et plus précisément juste après la fin de la saison précédente. La formation bordjienne voulait se remettre à niveau : devant disputer le championnat de la Ligue 1, ses dirigeants font appel à une vieille connaissance : Toufik Rouabah. Une décision unanimement approuvée par les responsables et saluée chaleureusement par les supporters. L'entraîneur était plus qu'un simple technicien aux yeux des Bordjiens. Il était un mythe. Fils de la région, il a été donc accueilli comme un héros au sein du CABBA. D'ailleurs, ce come-back arrangeait tout le monde. Pour les Bordjiens, c'étaient des retrouvailles avec un homme qui avait beaucoup fait pour le football national et connaissait très bien la ligue 1. Et pour Toufik Rouabah, entraîner le CABBA devrait lui permettre de rebondir. En plus de l'entraîneur, les dirigeants ont recruté sans réserve pas moins d'une douzaine de joueurs. Ils ont négocié des salaires exorbitants. Des objectifs très poussés de la part des dirigeants et un excès d'optimisme du côté des supporters étaient présents juste à l'entame du championnat. Mais la joie ne va pas trop durer. Le CABBA a commencé la saison timidement avec des résultats incertains. Puis, rien n'allait plus. L'équipe s'est montrée, au fil des matchs, incapable de vaincre, se contentant souvent du nul. C'était la période de la dégringolade, mais aussi de la mésentente. Le courant ne passait plus entre l'entraîneur et un nombre non négligeable de joueurs. Les mauvais résultats s'enchaînèrent et Rouabah n'arrivait plus à contrôler son équipe. L'atmosphère devenait tendue à tel point qu'il décide de quitter le club à la quatrième journée du championnat. «La situation était assez délicate. D'un côté, Rouabah agissait avec autorité, pour garder le contrôle. De l'autre, des joueurs qui traversaient une période difficile surtout après le rythme infernal imposé la saison précédente. Le CABBA battait sur tous les fronts pour redresser la barre et trouver une cohésion. Dans ces cas de figure, c'est à l'entraîneur de trouver une autre solution que la confrontation», estime un ancien dirigeant du CABBA. C'était donc suite à un échec cuisant que le divorce entre le CABBA et Rouabah fut consommé. L'arrivée de Azziz Abbès «le messie» a pu remettre l'équipe sur les rails mais pas pour longtemps. Malgré ses efforts techniques, tactiques et psychologiques, peu de temps après la crise et les mauvais résultats reviennent à l'équipe bordjienne. Les Jaune et Noir semblaient avoir perdu leur créativité, leur jeu, leur rythme... tous les ingrédients qui faisaient du CABBA, un club redoutable semblaient volatilisés. La crise actuelle du CABBA est donc beaucoup plus complexe. Elle ne se limite pas à une simple affaire d'entraîneur et dépasse même les joueurs et leur encadrement technique. Elle se situe plutôt au niveau des instances dirigeantes du club. Plusieurs personnes tiennent les dirigeants pour les premiers responsables des déboires du CABBA. Selon nos sources, le comité actuel du CABBA n'affiche qu'une unité de façade. En réalité, les membres de ce comité n'arrivent pas à se mettre d'accord sur plusieurs points cruciaux. Le comité serait même divisé en plusieurs clans dont deux sont apparents. Le premier est celui des pro-Messaoudène qui soutiennent les positions du président et le second serait mené par Merzougui soutenu, entre autres, par Radjhi et Tebbani. «Tant que le conseil d'administration ne sera pas uni, on n'arrivera jamais à sortir le CABBA de cette mauvaise passe. Plus cette «guerre froide» va durer, plus le club va en souffrir. Et c'est fort dommage !», déplore un responsable bordjien ayant requis l'anonymat. La situation se complique davantage dans la mesure où au sein même des supporters, il y a plusieurs petits clans. En effet, aujourd'hui le CABBA est plus divisé que jamais. Mais ce qui est grave, c'est qu'à en croire certains responsables du club, des supporters et même des membres du comité influenceraient les joueurs. Une sorte de sabotage, selon eux, visant à torpiller l'actuel bureau. Vrai ou faux ? Peut-être que oui. Peut-être que non. En tout cas, le malaise au sein du comité se fait sentir. Les tensions étaient tellement intenses, ces derniers temps, que le président du club, Djamel Messaoudène a failli mettre la clé sous le paillasson. «Djamel Messaoudène était sur le point de démissionner. Mais on a fini par le convaincre que ce n'était pas la meilleure solution et qu'il ne fallait pas abandonner le club dans ce genre de circonstances», témoigne une personne de son entourage. Par cette situation relationnelle, le club n'arrive pas gérer ses comptes. Trop de dettes, de grandes dépenses et les caisses toujours vides. Impossible de recruter durant ce mercato hivernal, la FAF exige du club, le payement des anciens joueurs avant de lui autoriser le recrutement. Et les nouvelles recrues ne se bousculent pas devant la porte du CABBA parce qu'ils ont peur de ne pas être payés. En attendant la cessation des hostilités entre les dirigeants, l'entraîneur du CABBA, Azziz Abbès a entre les mains, une véritable patate chaude. Soigner un tigre blessé est une chose, le rendre apte au combat en est une autre. Le technicien bordjien pourra-t-il relever le défi, une autre fois, surtout avec le boycott des joueurs du stage d'hiver et les entraînements !?