L'Iran a été sommé mardi de ne pas menacer la sécurité des monarchies du Golfe et de "respecter" les sunnites, au début d'une visite au Caire de Mahmoud Ahmadinejad, la première d'un président iranien depuis plus de 30 ans en Egypte, où il a appelé à une amélioration des liens. «J'espère que cette visite sera un nouveau départ pour la solidarité entre nos deux peuples», a déclaré le président Ahmadinejad au terme d'une réunion avec le chef d'Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayyeb, au siège de cette prestigieuse institution théologique de l'islam sunnite. M. Ahmadinejad, qui doit assister mercredi et jeudi au 12e sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) au Caire, a eu peu après son arrivée un entretien avec son homologue égyptien Mohamed Morsi sur la guerre en Syrie et la normalisation entre les deux pays. «Je suis venu d'Iran pour dire que l'Egypte et les Egyptiens sont dans le coeur du peuple iranien», a déclaré le président Ahmadinejad, en rendant hommage à «l'Egypte, terre de culture et de civilisation». «Les avis entre l'Iran et Al-Azhar sont proches», a-t-il encore dit, en annonçant avoir invité des oulémas d'Al-Azhar à visiter la République islamique, le plus grand pays chiite. Mais le chef d'Al-Azhar a indiqué dans un communiqué avoir demandé au président iranien de «respecter Bahreïn, un Etat arabe frère, et de ne pas s'immiscer dans les affaires des pays (arabes) du Golfe». Il a également souligné la nécessité de donner aux sunnites d'Iran «leurs pleins droits en tant que citoyens, conformément à la charia et à toutes les lois et conventions internationales». En outre, le chef d'Al-Azhar a exprimé son «rejet d'une expansion du chiisme dans les pays sunnites». «Nous refusons totalement une infiltration chiite», a-t-il dit. Les relations sont au plus bas entre les monarchies du Golfe et Téhéran, soupçonné notamment de soutenir en sous-main la contestation chiite à Bahreïn contre la monarchie sunnite. M. Ahmadinejad a semblé mal à l'aise lorsqu'un responsable d'Al-Azhar a dénoncé certains propos «inacceptables» de «chiites» envers les compagnons du prophète Mahomet. «Cela nuit aux relations entre les peuples», a ajouté le cheikh Hassan al-Chafie, suscitant une visible réaction d'agacement du président iranien et de sa délégation.