Ces derniers jours, certains milieux proches du gouvernement parlent avec insistance de l'ouverture de négociations avec le numéro un mondial de la sidérurgie, ArcelorMittal, pour augmenter les capacités de production du complexe d'El-Hadjar implanté dans la wilaya de Annaba. «Un groupe de travail a été formé du côté des pouvoirs publics et du côté d'ArcelorMittal pour présenter au gouvernement dans les semaines à venir la meilleure feuille de route, pour augmenter les capacités de production d'El-Hadjar», a rapporté l'APS la semaine passée. Selon certains observateurs, la réaction du gouvernement qui ne détient que 30% des parts du complexe sidérurgique est largement justifiée par la très inquiétante baisse de la production. En 2012, le complexe n'a produit que 580 000 tonnes d'acier. Un volume qui reste encore loin de l'objectif des 700 000 tonnes arrêté par le groupe pour l'année écoulée. Une contre performance enregistrée à un moment où l'Algérie a importé une quantité avoisinant les trois millions de rond à béton en 2012 pour une facture de deux milliards de dollars. L'information concernant l'ouverture de négociations a vite fait réagir la direction d'ArcelorMittal. Cette dernière soulignera dans un communiqué «qu'elle n'a aucun plan pour céder sa participation dans le complexe sidérurgique de Annaba et qu'à ce jour, ceci n'a jamais été discuté avec les représentants du gouvernement algérien». Avant d'ajouter que le leader mondial de l'acier, ArcelorMittal «a l'intention de construire, avec la partie algérienne, un avenir solide pour le site d'El-Hadjar», sauf que pour construire un avenir solide ArcelorMittal doit mettre la main dans la poche. De lourds investissements doivent être engagés pour moderniser le complexe et augmenter la production d'acier qui, théoriquement doit atteindre les deux millions de tonnes. Mais ArcelorMittal a-t-elle les moyens pour débloquer à hauteur de 70% les financements nécessaires. Un communiqué émane de la direction générale d'ArcelorMittal en Europe rendu public la semaine passée contredit les intentions de la direction de Annaba. Le géant mondial de l'acier, ArcelorMittal, dévoile une perte colossale de 3,73 milliards de dollars en 2012 et une dette avoisinant les 22 milliards de dollars. Et en raison de la crise économique qui frappe le continent européen seulement 16 des 21 fourneaux d'ArcelorMittal fonctionnent actuellement. Après ce bilan nullement encourageant, le gouvernement algérien doit se rendre compte qu'ArcelorMittal ne peut investir un seul dollar dans le complexe sidérurgique d'El-Hadjar pour augmenter ses capacités de production. Déjà et au début de l'année 2012, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar était en cessation de paiement. Pour éviter une crise sociale qui résulterait de la mise au chômage de plus de 6 000 travailleurs, le gouvernement algérien vole au secours du complexe. Une ligne de crédit de 14 milliards de dinars sera débloquée en urgence, par la Banque extérieure d'Algérie, pour payer les salaires des travailleurs et éviter l'arrêt total des chaînes de production. Juste après le conseil d'administration, ArcelorMittal validera un plan d'investissement de 200 millions d'euros qui permettra de porter la production à 1,4 million de tonnes. Mais une année après l'adoption de ce plan, la situation n'a pas bougé d'un iota. La production ne cesse de régresser et les problèmes ne font que s'accumuler. Il est clair que le géant mondial de l'acier, ArcelorMittal, n'a aucune volonté d'investisseur un seul euro en Algérie. Et certains observateurs estiment que le gouvernement algérien et au nom du principe de la préservation des postes d'emplois, va encore une fois signer un chèque à blanc au Conseil de direction d'ArcelorMittal, sauf si ce même gouvernement prendrait conscience que ce statu- quo n'a plus sa raison d'être. L'Algérie doit inévitablement reprendre le contrôle du complexe sidérurgique d'El-Hadjar...Et aussi et surtout des mines d'El-Ouenza et de Boukhadra.