L'ex-Premier ministre libyen Baghdadi Al-Mahmoudi, emprisonné en Libye depuis le mois de juin dernier après avoir été extradé de Tunisie, se trouve dans un état critique, selon son avocat. «M. Baghdadi a été torturé et serait sur le point de mourir», a ajouté son avocat tunisien Mabrouk Kourchid. L'avocat qui n'a pas cité ses sources a déclaré que depuis son extradition de Tunisie, Baghdadi Mahmoudi est interdit de visite ni par sa famille ni par ses représentants judiciaires. En juin 2012, la Tunisie, où avait fui l'ancien Premier ministre, l'avait remis à Tripoli, assurant avoir obtenu des garanties pour qu'il soit bien traité en prison. Son procès s'est ouvert en novembre à Tripoli. Cette extradition avait provoqué une profonde crise politique à Tunis, le gouvernement l'ayant ordonnée sans en informer le président Moncef Marzouki qui était lui opposé à cette mesure, estimant que les autorités libyennes ne pouvaient pas, dans l'état actuel, garantir le respect des droits de l'accusé. L'avocat a appelé les autorités tunisiennes à envoyer une délégation tunisienne pour vérifier les conditions de détention et d'interrogatoire de Baghdadi Mahmoudi, et n'a pas hésité à rendre le gouvernement tunisien responsable de tout ce qui pourrait advenir du détenu. Selon des sources qui n'ont pas été confirmées ou infirmées, l'ex-Premier ministre libyen a été extradé en Libye contre une forte somme. Avant son extradition, la section tunisienne d'Amnesty International (AI) a rejeté, toute éventualité d'extradition vers la Libye de Baghdadi Mahmoudi. Les organisations des droits de l'homme ont justifié à l'époque le refus d'extradition par l'absence d'un procès équitable et des risques de torture et d'exécution auxquels il est exposé. Depuis la chute du régime de Kadhafi, plusieurs combattants ou partisans présumés de l'ancien régime libyen ont été torturés à mort dans leur lieu de détention, a déploré Amnesty International, faisant état d'une pratique «généralisée» la torture. «Plusieurs détenus sont morts sous la garde de milices armées dans et autour de Tripoli et Misrata dans des circonstances qui suggèrent la torture», a indiqué à plusieurs reprises l'organisation des droits de l'Homme. Même l'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a suspendu ses activités dans les centres de détention en raison de «la torture sur les détenus et l'impossibilité de leur fournir des soins médicaux d'urgence». Amnesty International a affirmé avoir rencontré des détenus à Tripoli, Misrata et Gharyan, qui «présentaient des marques visibles de tortures». «Ils avaient notamment des plaies à la tête, aux membres, au dos et sur d'autres parties du corps.» Selon Amnesty, «la torture est menée par des militaires reconnus officiellement et des organismes de sécurité ainsi que par plusieurs milices armées opérant en dehors de tout cadre légal».