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Rencontre autour de «La littérature et l'évasion»
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 03 - 2013

La 5e rencontre euro-algérienne des écrivains s'est terminée le 6 mars à l'hôtel El-Djazaïr après deux jours consacrés à la littérature et l'évasion, un thème abordé durant deux jours sur trois ateliers déclinés comme suit : «La réalité à travers la fiction : transcender le vécu pour conquérir la liberté». Cet atelier, modéré par l'auteure algérienne Nadia Sebkhi, a regroupé Nicolae Prelipceanu de Roumanie, qui a traité de la littérature comme évasion, l'évasion comme délivrance, suivi de Habib Ayyoub, écrivain algérien qui évoquera la littérature de l'évasion ou de l'aliénation.
L'écrivaine Petra Hulovà, venue de la République tchèque, a parlé de «paradoxes». Ce sera sur le même thème des interventions de Janos Lackfi de Hongrie pour «Entre révolte, nostalgie et relativisme : l'époque post-dictatoriale en Hongrie», suivie d'Amin Zaoui qui parlera de «La route de la soie, la route de soi» et Ruth Pleyer qui fera de la bibliographie de Berth Zuckerkandl-Szeps, écrivaine et salonnière de «Vienne, une réfugiée à Alger entre 1940 et 1945» son fer de lance littéraire. Maïssa Bey clôturera ce premier atelier par son intervention intitulée «Tout ça, c'est de la littérature !». Le deuxième atelier a réuni quelques écrivains autour du thème principal du «Roman comme voyage à travers soi : introspective ou évasion» avec comme participants Juan Vicente Piqueras d'Espagne, représenté par la responsable de l'Instituto Cervantes d'Alger, sur le titre «La poésie : agence de voyage métaphysique», Mohamed Jaoudet Gassouma d'Algérie pour un sujet autour de «Ramer avec la plume, s'évader sur les barques de tous les rêves...». La jeune écrivaine Kaouther Adimi l'Algérienneinterviendra sur le thème «Zone internationale, zone d'écriture ?». L'Italien Raffaele Nigro racontera, ainsi, sa propension à «S'échapper de la prison de l'ennui ou de la responsabilité de l'écriture ?». Mohamed Magani se fera un plaisir d'évoquer des «Récits livresques, récits de voyages» sous la bannière algérienne. La deuxième journée sera organisée sur le thème de «Ecrire pour vivre plusieurs vies à la fois» sur une modération de l'homme de média et auteur Abrous Outoudert avec Vassilis Alexakis de Grèce pour une communication sur le thème «Deux langues, deux pays» et Hamid Abdelkader d'Algérie dans une intervention qui racontera «Ces lectures littéraires qui nous rapprochent du lointain». Le quatuor final sera représenté par la Belge Christine Bechet pour «Inventer des mots qui vivent» laissant la place à Hamide Grine pour des souvenirs autour du concept «Ecrire pour se multiplier». Quant à In Koli Bofane, un Congolais habitant en Belgique et représentant la France, il nous donnera le secret de ses «Mathématiques congolaises» et l'Algéro-Français Akli Tadjer nous incitera à «Débrider l'imaginaire». Le tout suivi d'incursions diverses de poètes en herbes et d'auteurs en quête de reconnaissance. Cette cinquième rencontre commence à devenir une tradition avec quelques auteurs réguliers et d'autres arrivés à chaque nouvelle édition. Pour cette fois, l'ambassadeur et chef de la délégation européenne Marek Skolil indiquera que cet événement, qui «s'inscrit désormais dans le paysage culturel algérois, se veut un espace de rencontre et de dialogue interculturel entre les écrivains algériens et européens. Un dialogue que notre délégation continue à promouvoir en Algérie à travers ses actions dans les domaines politique, économique et culturel». Evoquant la thématique de cette année, l'ambassadeur affirmera que «la littérature et l'évasion sont des thématiques utiles pour s'échapper des pesanteurs quotidiennes et des soucis de l'époque, des thèmes que nous espérons rassembleurs et porteurs d'ouverture, d'inspiration et d'espoir en ces temps marqués par des crises et des crispations de toutes sortes». Dans ce panel d'écrivains il a été très intéressant et très révélateur de voir la proximité de points de vue et d'appréciations concernant cette fameuse évasion de soi comme dépassement et évasion littérale dans les univers les plus divers. Dans l'échange le plus subtil le bal a été ouvert par Nicolae Prelipceanu, licencié es lettres, pour raconter un peu ces nouvelles évasions par le livre, la poésie, le roman qui ont permis une plus grande liberté de ton littéraire suite à la disparition du communisme et des dictatures, Nicolae évoquera le concept de mots dangereux pour ces régimes totalitaires qui ont évolué dans les années 1950, 1960, 1970 et 1980 pour ensuite laisser place à une littérature différente avec, pourtant, de nouvelles formes de censure, dont celle économique. En ce qui concerne Habib Ayyoub, il nous a proposé un regard différent issu du Sud en direction du Nord, mais avec une nouvelle optique, ce qui était exotique de ce qui ne l'était pas. Le regard tourné vers «l'autre» avec une définition européo-centriste sur ce qui était littéralement correct de ce qui ne l'était pas. L'écrivain se définira dans ses lectures de Melvil, Dickens, Poe, Jules Verne, Wells, Van Voigt, Bradbury en définissant la littérature comme un véritable sacerdoce destiné au lecteur dans les multiples champs littéraires investis pas les écrivains dont il se demandera au nom de quoi ils sont plus méritants d'un Nobel que les autres moins puissamment représentés dans les sphères littéraires dominantes. Venue de Tchéquie, Petra Hulovà donnera une communication très écoutée par la légèreté du ton évoquant les régimes communistes et la lourdeur qui caractérisait ces derniers et la littérature comme distraction, comme réponse à un besoin impérieux d'évasion et d'invention, la littérature sans livre, sans mots comme outils de voyages vers la liberté intérieure. La littérature sera pour elle un objet de définition du monde. Petra Hulovà n'a pas manqué aussi de faire d'Internet une problématique efficace de lecture mais qui ne pouvait en aucun cas remplacer d'une manière fondamentale le livre. Elle nous précisera que la littérature donne la force à la jeunesse pour réinventer le monde. Pour ce qui est du Hongrois Janos Lackfi, il s'agit de fuir l'ennemi, de fuir le danger ; la littérature a un double visage et l'écrivain a une blessure physique, une blessure de l'âme qui fait que ce dernier a un besoin. Entre juge et assassin, il se pose la question de savoir si l'écrivain n'est pas en fait sadique ou sans scrupule ?! L'écrivain pouvant être tueur mais aussi sauveur en citant le fait que ce sont les tragédies qui font la qualité, à l'exemple de ce fait qu'il est plus intéressant de se voir raconter l'histoire d'un ours préhistorique qui mange une famille à la place de l'histoire d'une famille préhistorique qui mange un ours... D'où la naissance de la tragédie. L'écrivain est aussi magicien, citant Oran Pamuk comme excellent technicien, mais aussi magicien de mots. Finalement, dira-t-il, les narrateurs ne cherchent que le péril et les Hommes ont besoin de se mettre en péril pour fuir le quotidien. Toujours égal à lui-même, Amin Zaoui ponctuera son intervention par de piquantes odeurs soufrées et ambivalentes autour de la langue maternelle de sa «Yemma» qui le lestera dans son amour et partagera sa tendresse protéiforme avec l'initiatrice cousine «Malika», reine de ses amours juvéniles et sorte de Nedjma évanescente. Zaoui, poète à ses heures perdues, parlera de sa route de la soie, de la route de soi, parlant de fugue pour habiter ses intérieurs, que la littérature est un vol d'oiseau migrateur, qu'elle est une fuite de la mort pour exister éternellement dans la vie de son bourreau. Le curieux abécédaire d'Amin Zaoui lu dans tout ce qui l'entoure ne cessera de déclencher les questionnements les plus intimistes. Ruth Pleyer d'Autriche a étudié la langue arabe et les sciences islamiques. La biographe a ainsi écrit les éléments biographiques d'une autre écrivaine autrichienne, la salonnière Berta Zuckerkandl, qui, après avoir fui les nazis à Vienne en 1938, ira se réfugier en France pour y rester deux années, avant de se rendre à Alger. Elle avait alors 76 ans. Dès son installation à Alger, Berta Zuckerkandl raconte sa fuite à son neveu Emile avec les détails de cette liaison amicale avec plusieurs intellectuels du cru, notamment Georges Clémenceau, Gustav Klimt ou Gustav Mahler, en précisant que, paradoxalement, cette dame juive d'Autriche a «trouvé le paradis en Algérie» où elle pouvait se permettre des choses qu'elles ne pouvait faire en Autriche occupée, comme le fait de se promener sous le soleil. Un destin très original et très peu connu de la plupart des Algériens qui, rappelons-le, étaient colonisés à l'époque. A 98 ans elle travaille encore à la radio et confie à son petit fils ses archives. Pour Maïssa Bey le point de départ de sa réflexion se fera dans cette phrase péjorative «Tout cela c'est de la littérature !» dans une inspiration féconde pour nous raconter son premier destin d'enseignante de français pour s'évader ensuite et écrire comme scier des barreaux, de s'évader en se posant la question : de quoi sommes-nous prisonniers ? Elle interpellera l'histoire de l'emprisonnement de Georges Semprun, les œuvres de Proust, Steinbeck, Zola ou Brecht pour finir sur cette note de Claude Roy, «proposer à chaque lecteur une absence de soi». Elle nous dira que la littérature est une de ces subversions du réel ; c'est aussi le mettre sens dessus dessous avec un pouvoir magique de transgresser les frontières et s'évader des standards de la réalité. Sur la deuxième partie de ces ateliers, Juan Vicente Piqueras plongera dans son passé de paysan pour y puiser les fondements de son écriture poétique. Il commencera alors un long voyage vers tous les ailleurs pour parfaire son corpus d'œuvres magistrales entre scenarii et animations d'émissions de radio. Le poète sera suivi par l'auteur plasticien Jaoudet Gassouma pour une prose induite qui décidera de «Ramer avec la plume, s'évader sur la barque de tous les rêves...» avec des voyages littéraires puisés dans toutes les littératures et dans les lexiques inscrits sur les peintures pariétales, dans l'Egypte ancienne, les poteries, les tissages et autres productions populaires, permettant ainsi tous les voyages littéraires. Parlant de voyage, Kaouther Adimi fera le sien en bonne et due forme dans une sorte de coming out où elle précisera sa difficulté de traverser les frontières que cela soit à l'aller ou au retour de son exil en France, tout cela à travers la zone internationale haut lieu symbolique dans lequel elle a situé sa problématique de jeune auteure. L'italien Raffaele Nigro situera son intervention dans l'idée de
s'échapper de la prison de l'ennui ou de la responsabilité de l'écriture, suivi de Mohamed Magani qui ne manquera pas de dérouler ses récits livresques et des récits de voyage rejoignant ainsi de plain-pied la fiction à travers la force de son vécu bien réel. (A suivre)


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