Un total de 18 écrivains algériens et européens reviendra tout au long de ces deux journées sur la thématique “La littérature et l'évasion", chaque intervenant dévoilera son expérience personnelle et sa vision sur ce mot aux sens diverses et complexes. “La littérature et l'évasion" était le thème des cinquièmes Rencontres euro-algériennes des écrivains. L'édition de cette année s'est tenue à l'hôtel El-Djazaïr, avec la participation de dix-huit écrivains européens et algériens. Le coup d'envoi de ces rencontres organisées par l'Union européenne en Algérie a été donné hier matin et s'étalera jusqu'à aujourd'hui. Présent à l'ouverture, l'ambassadeur et chef de la délégation de l'Union européenne a indiqué dans son allocution sur la thématique de cette année : “Un thème choisi pour échapper aux lourdeurs quotidiennes et aux soucis de l'époque, un thème que nous espérons rassembleur et porteur d'ouverture, d'inspiration et d'espoir." Et d'ajouter : “Il s'agit de parler de la littérature comme d'un moyen de dépassement du réel, aussi bien pour les écrivains que pour les lecteurs à travers leurs voyages intérieurs et extérieurs les entraînant au-delà de toutes les frontières géographiques, idéologiques ou mentales." Les intervenants présents à cette édition ont abordé “La littérature et l'évasion" sous forme de trois ateliers-conférences. Le premier axe de cette rencontre a tourné autour de “la réalité à travers la fiction : transcender le réel pour conquérir la liberté". Chacun des écrivains est revenu dans cet axe sur son expérience personnelle dans l'écriture, sa vision de l'évasion et son parcours littéraire. L'évasion dans la littérature peut être perçue différemment par chaque individu. On peut définir l'évasion comme étant un voyage, une fuite, une errance, l'abandon de l'esprit dans un monde irréel où virtuel. Mais, pour l'écrivain, le mot évasion prend un autre sens : fuir une réalité douloureuse d'un pays, parcourir le monde sans le connaître, s'évader de sa propre langue maternelle pour écrire dans une autre langue ou tout simplement fuir son présent pour narrer l'histoire d'une autre personne ayant vécu dans une autre sphère géographique. Les intervenants ont livré leurs secrets intimes ou fantasmes pendant cette rencontre. L'écrivain et journaliste roumain, Nicolae Prelipceanu, dans sa communication sur son rapport avec l'écriture et l'évasion. “L'auteur s'évade en écrivant, il se moque de lui-même et s'évade dans le monde qu'il a imaginé. Les régimes totalitaires sont la cause de ces évasions." Ayant vécu sous un régime communiste, il explique que “l'écrivain s'évadait de son monde et relatait ce qui s'est passé dans sa réalité. Le régime ne permettait pas d'écrire réellement". Quant à l'auteure tchèque Petra Hulovà, elle précise que “la République tchèque s'est réconciliée avec la littérature ; avant, ils écrivaient pour le régime, comme des gardiens de la mémoire". Pendant cette période, beaucoup d'écrivains au risque de leur vie ont joué un rôle important en écrivant pour la “démocratie". C'était un “outil d'expressions et un élément libérateur". Pour l'écrivain algérien Amin Zaoui, l'écriture est “un voyage, partir dans un voyage dont le chemin n'est ni tracé ni défini. L'évasion a commencé avec ma langue. Celle de yemma (ma mère). Ma deuxième évasion est l'écriture en français". Cette première journée s'est poursuivie autour de l'axe : “Le roman comme voyage à travers soi : introspective ou évasion", avec de nombreux écrivains, notamment Kaouther Adimi, Raffaele Nigro, Mohamed Jaoudet et Tarek Gassouma. H M