Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), Abdenour Hibouche, a expliqué le statut de cet organisme, ses missions et son organisation, en rappelant qu'il relève du ministère des Finances. Le gouvernement a décidé de renforcer l'organisation de la CTRF. M. Hibouche fait observer que le nombre déclarations de soupçon transmises à la CRTF est passé de 1 083 en 2010, à 1 576 en 2011 et à 1 373 en 2012. La baisse enregistrée en 2012 par rapport à 2011 est due à une transmission plus sélective des déclarations de soupçon. Néanmoins, il y a une nette progression comparativement à 2005, année de la création de la CRTF, où à peine 11 déclarations de soupçon ont été reçues au niveau de cet organisme, chargé de lutter contre le blanchiment d'argent. Il faut savoir que la Banque d'Algérie a effectué, dans le cadre de ses prérogatives, un large contrôle de toutes les banques. Et c'est grâce à ce contrôle, opéré par des inspections générales mandatées par la commission bancaire, que ce chiffre est en évolution. Quant au nombre de dossiers supposés avoir un lien avec le blanchiment d'argent remis à la justice, il est de sept dont trois en 2012 et deux en 2011. Le président de la CRTF a mis l'accent sur le mode opératoire du blanchiment d'argent : mouvement de capitaux de et vers l'étranger et transactions immobilières. Il fait remarquer que le trafic de drogue et le trafic d'armes n'utilisent pas les circuits bancaires pour traiter leurs produits financiers. Les établissements financiers ne sont pas les seuls à être assujettis par la loi à faire les déclarations de soupçon, d'autres professions non financières sont également appelées à transmettre ou déclarer à la CTRF, toute transaction ou opération douteuse, comme le font les institutions bancaires depuis 2005 : les agents immobiliers, concessionnaires automobiles, notaires, avocats, experts-comptables, commissaires aux comptes, commissionnaires en douanes, et les avocats. Les criminels qui veulent blanchir leur argent sale cherchent à éviter les circuits bancaires en faisant appel à des personnes intermédiaires. Le président de la CRTF a évoqué les centres off shore légalisés dans certains pays et qui offrent des facilités pour le blanchiment d'argent. Ils sont donc choisis pour cette raison. C'est par là que passent les ramifications avec l'étranger, souligne-t-il.