Il est difficile de faire aujourd'hui un inventaire des monuments, vestiges et autres ouvrages d'envergure que compte la ville de Béjaïa, au moment où nombreux sont ceux qui sont enfouis, pour ne pas dire disparus, ou tout simplement qui se dégradent ou sont dilapidés, amenuisant ainsi un parc jugé de musée à ciel ouvert. On retiendra pour la postérité que c'est par faute de négligence, de manque d'intérêts et d'entretien qu'il y a ces déperditions. L'aqueduc romain de Saldae se trouvant à Toudja (37 km de Béjaia). Il suffit pourtant de presque rien pour le rénover, mais il est là à la merci des destructeurs de tous bords. De tous les monuments antiques que compte Béjaia, cet aqueduc est le plus attrayant et intéressant à plus d'un titre. Depuis sa conception au IIe siècle après JC par le librator ingénieur militaire Nonius Darius et en dépit de nombreuses études qui lui ont été consacrées, il garde toujours ses mystères. On se demande toujours comment a-t-on fait pour percer la galerie de jonction. Les sources captées par cet aqueduc sont au nombre de deux dont une, à fort débit, a de tout temps alimenté la ville de Béjaîa. Aujourd'hui, ces sources sont exploitées à des fins commerciales avec forte production journalière. Elles se trouvent sur le versant méridional de Taklats à oued Ghir qui se jette dans la Soummam. En 137, les Romains la captèrent pour alimenter Saldae. L'aqueduc part de l'actuelle source Aïnsuer et contourne un petit massif (Berroudj) pour atteindre le col de Tihnaïne. Après le pont, l'aqueduc suit le tracé de l'actuelle route des Crêtes. On retrouve la canalisation à Ifrane et à Ighil Hbal elle fait place au tunnel qui ressort à El Djenane puis Sidi Meftah Imoula, Adrar ou Fernou puis Fort Clausel et enfin Sidi M'hand Amokrane et aboutit à de grandes citernes dont on ignore le nombre et la capacité mais dont on sait qu'il y en avait un grand nombre, notamment à Sidi Touati, hôpital Frantz Fanon, la mairie... Le pont de Tihnaïne est un ouvrage d'envergure de cet aqueduc long de trois mètres, il est un point critique du dispositif d'adulation pour pallier la perte de pente. Le tunnel de Lahbal, également d'une longueur de 560 mètres, a pu être entretenu dès lors ou un homme peut aisément la traverse ; il est large de 6 à 8 mètres et haut de 1,65 à 2 mètres. A certains endroits, l'eau peut atteindre un mètres. Cet aqueduc a suscité curiosité et grâce à l'association Gehimab qui a pu inciter nombreux projets de recherches, en 1997, un colloque a été tenu à Béjaïa et lui a réservé grande audience. En 2000, l'ambassadeur d'Italie l'a visité et en 2005, une importante réunion s'est tenue à l'effet de formuler un projet de recherche. En 2006, une thèse de directorat lui a été réservée à l'université de Siena Italie. Ses projets de recherche doivent se maintenir et aboutir à la production d'une exposition internationale à l ‘université de l'eau du Val de Marne, mais également à la création à Toudja d'un musée. Un groupe d'étude veille à sa pérennité Créé en décembre 1991, le groupe d'étude sur l'histoire des mathématiques à Bougie Médiévale œuvre pour donner à cet aqueduc mondialement connu toute sa valeur historique, culturelle mais surtout scientifique et travaille également pour le réhabiliter en tant que site des plus importants de la ville. Un projet de recherche a été formulé en 2006 à travers le CNRPAH qui consiste à mettre en œuvre une étude pour essentiellement s'intéresser aux méthodes de calculs utilisés pour la percée du tunnel et valoriser cet important édifice qui n'a pour l'heure livré aucun de ses secrets.