Merveille n L'aqueduc romain de Toudja est captivant par la performance de ses concepteurs qui ont recouru à des techniques de génie civil «avant-gardistes» pour le réaliser. Il suscite également l'intérêt par sa charge historique, étant un concentré d'inscriptions épigraphiques qui ont inspiré une multitude d'études sur la présence romaine dans la région. Il reste, paradoxalement, méconnu du grand public. Et c'est dans l'optique de réhabiliter ce monument considéré comme l'un «des plus imposants que recèle la wilaya», et consistant en un ouvrage hydraulique long de 25 kilomètres, qu'un projet de recherche historique et technique a été lancé par les collectivités de Béjaïa et de Toudja en association avec le Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique, sous le parrainage de l'association Géhimab de l'université de Béjaïa. Ce projet de recherches, devra, selon ses initiateurs, déboucher à moyen terme sur la création d'un musée à Toudja (pièces originales, reproduction, images, sons et reconstitutions) afin de permettre aux visiteurs de «plonger au cœur du chantier de construction de l'aqueduc et du percement du tunnel de Lahbel (Ifrène)». Il fait, par ailleurs, l'objet d'une thèse de doctorat en ce moment à Siena en Italie, conduite par un chercheur algérien, M. Djermoune, qui est d'ailleurs, invité dans la région, pour animer une série de conférences. Edifié à l'époque de l'empereur romain Octave en l'an 27-26 avant J.-C., l'ouvrage faisait partie d'une multitude d'autres destinés à faciliter la vie des légionnaires basés dans l'antique Saldae. L'aqueduc était, donc, essentiellement conçu pour les alimenter en eau potable. Selon des spécialistes, Il développait un débit ordinaire de 60 litres par habitation et par 24 heures, partant de l'hypothèse que la population de Béjaïa, à l'époque Hammadite, était de 86 000 habitants. L'ouvrage prend forme depuis l'actuelle source, d'où est puisée l'eau minérale de même nom, et s'achève à Bordj Moussa, sur les hauteurs de Béjaïa. La canalisation mise en place est constituée de matériaux différents et laisse à penser qu'elle ait été modifiée au fil des siècles, notamment par les Hammadites qui l'ont exploitée à leur convenance. Son socle a un dénivelé très régulier, formé par un pendage qui permet à l'eau de couler en permanence.