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Tribune pour mes camarades morts dans l'honneur
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 04 - 2013

Je commencerai cet hommage par une phrase d'Aragon : «Vous n'avez réclamé ni la gloire ni les larmes...» Mes amis, mes camarades, depuis le temps que vous avez disparu au champs d'honneur, je ne vis plus. Je suis parti depuis si longtemps avec les rêves généreux d'Abdellah Boukhalfa et d'Abdelwahab Daoud, mes copains morts bien trop tôt.
Je traîne ma carcasse sur les routes du globe en ricanant face à ces petits blagueurs auxquels la CIA a donné l'illusion de changer le monde avec un printemps factice, celui de OTAN, et je contemple ces jeunes qui vendent leur âme et leurs êtres pour un rêve illusoire, celui véhiculé par les ONG. Le commerce des causes préfabriquées par le capitalisme déclinant, est très juteux et ces organisations prospèrent en vendant des chimères et en offrant des voyages pour des formations à soulever les foules, initiant ces jeunes naïfs aux techniques hallucinantes de Gene Sharp et de son acolyte Helvey de la CIA qui entraîne les brebis égarées à détruire les infrastructures étatiques existantes pour ensuite donner le pouvoir aux intégristes wahhabites, afin de justifier une intervention des Occidentaux sous divers prétextes «droit-de-l'hommistes». Mes camarades disparus et moi, nous vivions ce changement à chaque moment et mes amis sont partis dans l'humilité des grands qui ne marchandent rien pour préserver notre patrie. Abdelwahab Daoud, militant infatigable ravagé par la gangrène, tu es un grand homme ignoré mais tu gardes un copain qui n'a guère l'oubli dans ses gènes. Ton humilité et ta grandeur d'esprit t'éloignent de ceux qui s'inspirent des ONG venimeuses que tout le monde connaît et dont Otpor est le fer de lance. Personne n'a osé t'évoquer, toi le militant engagé, l'homme brillant, qui a donné ta jeunesse et ta vie à la cause de Ben M'hidi et Laid Amrani. Mon pote, je t'écris. A toi Abdellah, dont les yeux remplis de douniya (de vie) ne regardent plus la beauté des choses. Tu as payé très cher ton engagement politique et ta tombe est fleurie comme un poème de Nezime Hikmet et Moufdi Zararia dans la peste des temps modernes. L'engagement n'est pas une flatterie ou un exercice de ceux qui prétendent détenir la vérité. Je vous vois, mes camarades, et je vois notre message immortel et incompréhensible pour certains corrompus par la vie et le temps. Nous avons eu des rêves, des vrais ! C'est tellement rare et exigeant dans le monde des ténèbres pestilentiels du capitalisme. Errant dans un temps insaisissable, que reste-t-il de nos grandes utopies ? Juste un souvenir... L'essentiel, c'est que nous avons lutté pour notre patrie, pour les rêves de Ben M'hidi et des fondateurs de l'Algérie, celle des démunis et non celle des pourris par le fric, ni celle de l'oubli avec les administrations exsangues et la corruption des golden boys et de leurs rivaux opposants de pacotille. A vous, agitateurs du Sud et du Nord perdus dans la tourmente du fric, je vous informe que vous ne pourrez jamais constituer une alternative viable et progressiste car un cimetière immense de la pensée vous a vus naître. En effet, que représentent ces poètes disparus dans une nation qui résiste comme elle peut à des ONG infectes comme Trial et cette organisation des «familles des disparus» acoquinée à Rachad qui ont osé attaquer l'Algérie à l'ONU, ou comme l'organisation du Qatar Al Karama du criminel qui s'assume Mourad Dehina et qui attaque les vrais patriotes comme le général Nezzar et autres ? Aujourd'hui méconnus et reniés, ces poètes étaient la matrice progressiste, la véritable élite éclairée de la nation algérienne fondée par les grands de Massinissa, Jughurta à l'émir Abdelkader, et bien évidement je n'oublie jamais mes ancêtres, les Abdelmoumen morts au champs d'honneur, dans la bataille sur les remparts de Constantine en 1836 et dont le sang imprègne à jamais les ponts de Cirta. La continuation de la lutte de mes camarades à travers mes écrits est plus que nécessaire. Nous réclamant d'une nation forte et immortelle, loin des commérages futiles, nous lisions Karl Marx sur les bords des fleuves. Le connaissez-vous, vous qui vous êtes perdus avec vos comptes of shore ? Comment les péripéties judiciaires des Cahuzak, Sarkozy, Berloscuni et autres pourraient-elles caresser de près le rêve d'un immortel ? C'est de cela qu'il s'agit ! Nous n'avions point besoin des «fesses book», ni des «thittir» pour vivre et affirmer nos pensées contre vents et marées et surtout contre des typhons idéologiques inféconds qui ne serviraient même pas à réparer une mobylette. Les idées, voyez-vous, nous en avions à profusion au moment où vous voliez, spoliez, castriez tout ce qui était progressiste. Cela nous a coûté un océan de sang imputable aux prophètes des temps médiocres et déclinants que sont les islamistes et leur intégrisme meurtrier, avec leur mufti du dollar Al Qaradaoui et autres qui n'ont jamais lancé la moindre fatwa contre Israël. Nous n'avons pas écouté ces hirondelles du malheur de la CIA qui vous ont embarqués dans le radeau de la méduse islamiste, car nous avions tout compris déjà à l'époque. Mon copain et frère Abdelwahab Daoud de Ferdjioua, ville des fiers guerriers Kotamas, fer de lance des Fatimides dans le nord constantinois, et Abdellah Boukhalfa de Biskra n'ont pas attendu le début du massacre de tout ce qui est progressiste dans le monde arabe pour dénoncer l'impérialisme. Nous n'avons jamais pensé à notre propre personne, ce qui est rare dans ces temps de déclin et de perte de repères où tout le monde se vend au rabais. Notre prix a toujours été le sang de nos martyrs que vous avez reniés d'une façon ou d'une autre. Que notre songe d'une Algérie rayonnante de lumière à travers le monde est doux alors que des individus se prostituent dans notre chère patrie, du Sud au Nord avec ses faux-cul vendus à Canvas et Al Karamara du Qatar de Moza. Les tournantes du Nord se sont déplacées au Sud pour produire l'échec et les bagaras, ces nouveaux riches qui polluent notre patrie. Nous, nous n'avons jamais cessé de porter le progrès ainsi que l'engagement envers notre patrie, qui reste notre idéal, alors que des corbeaux sans lendemains nous annoncent le sang et l'hécatombe. Mon frère cadet, ingénieur astro-physicien de la nation, a souffert de l'exclusion et de la marginalisation mais lui n'a jamais pleurniché comme le fait l'agent de sécurité devenu par miracle le porte-voix de la lutte syndicale en Algérie. Le fondateur de l'UGTA, le grand martyr Aissat Idir doit se retourner mille fois dans sa tombe ! Le mercenaire non qualifié de Front Line Defenders Yazine Zaid l'illettré, ainsi que ses amis qui pataugent dans la même inculture, nous engluent dans un misérabilisme politique. La supercherie des agitateurs professionnels a assez duré ! On a vécu et on vit encore au Nord dans des conditions bien plus dramatiques que celles que ces petites frappes à la solde des firmes du commerce humanitaire prétendent subir. Ma sœur, cadre des finances (inspectrice principale des impôts à Ferdjioua), victime d'une injustice flagrante, à laquelle on a refusé sept fois la demande de mutation qu'elle avait introduite pour raisons familiales, et dont je n'arrêterai jamais d'évoquer le cas à tous les hauts responsables civils et militaires de mon pays, est harcelée par une insignifiante directrice (je remercie mon neveu commandant médecin militaire relevant de la 5e région militaire pour les efforts qu'il a fournis dans le dossier de la pension du défunt, commandant de l'ANP dont nous n'oublierons jamais le mérite). J'ai promis sur la tombe du commandant Kecita Abdel Baki, mon beau-frère, de veiller et de protéger ses enfants avec l'aide de mes amis qui sont à tous les niveaux de l'Etat algérien. Ma propre sœur qui subit les pratiques archaïques des minables dans son travail et auxquels je promets l'enfer : n'oubliez jamais à qui vous avez à faire, vous les affairistes de la wilaya de Mila, votre tour viendra et vous serez nettoyés comme la vermine que vous êtes ! La purge va arriver, croyez-en l'expérience d'un vieux routier de la politique. L'évocation de la 5e région militaire dont l'actuel chef est le général major Ben Ali Ben Ali, me fait penser à notre ami le général major Kamel Abderhmane, à son professionnalisme et sa détermination lors de la guerre civile monstrueuse qu'a connu notre pays, ainsi que mes rencontres avec le grand homme d'Etat dont le destin m'a fait découvrir le mérite et le patriotisme, en l'occurrence le défunt général major Larbi Belkhir auquel, je rends un vibrant hommage. La patrie exige le sacrifice et un dévouement sans relâche et non pas de courir derrière une fausse gloire, des privilèges, des commémorations médiocres dont la presse de complaisance fait écho. Courir ne sert à rien, sinon à poursuivre l'étoile filante du mensonge qui perpétue la stagnation. Que nos rêves étaient généreux comme le furent ceux de Ben M'hidi et Ben Boulaïd ! Je me souviens de la nationalisation du grand dirigeant Boumedienne qui aimait et servait le peuple ; qu'avons-nous fait aujourd'hui du message de Boumedienne lorsque de piètres individus, parias de la nation, ne pensent qu'à se servir ? Le lion n'est plus là, jouissez du butin mais n'oubliez pas que le sang des martyrs vous hantera dans vos châteaux rutilants et vos yachts, symboles du déshonneur national. A mes copains, mes camarades Abedelwahab Daoud, Abdelah Boukhalfa, poète immortel des Zibans, je vous dis que les palmeraies chanteront nos mélodies. La gangrène est dans leurs comptes off shore et non dans le pied de mon frère Abdelwahab, la gangrène, c'est la corruption que nos rêves ignoraient. Comme nous sommes loin à présent de la grandeur de l'âme humaine ! Que ces cloportes sont pitoyables devant notre exigence d'accomplir le serment des martyrs ! A présent, dans ce cimetière qui nous happe, nous n'entendons que les voix des charognards qui veulent se partager le butin comme si l'Algérie était un vulgaire appât. Non, messieurs, l'Algérie est autre chose ! Mes amis furent des hommes pour lesquels l'honneur était l'accomplissement de tout. Vous ne connaîtrez jamais la paix de l'âme, les cauchemars de la trahison vous guettent. Quant à nous, patriotes résiduels d'une autre époque, à ce stade de décrépitude avancée, nous entrevoyons la grande faucheuse comme une délivrance, las que nous sommes
de vos mensonges, de vos manigances et de votre traîtrise inqualifiable, de vos egos de titans aux pieds d'argile. Les songes modestes de nos vies dévouées à notre patrie, contrairement à vous apatrides du fric qui vous consacrez à vos capitaux, resteront votre hantise permanente. Dans ces temps insignifiants où chacun se prend pour un prophète néanmoins sans prophétie, où la presse des «tayabates el hamam» caresse dans le sens du poil ou inversement selon son humeur, quitte à se travestir et devenir un outil du capital comme les «fesse book» et autres réseaux sociaux, j'évoque des noms qui ne peuvent que vous être étrangers. Ces noms de braves qui, comme ma modeste personne, savaient que l'alliance stratégique funeste entre l'intégrisme wahhabite et l'impérialisme américano-sioniste est plus que vitale pour leur domination, cette alliance qui a engendré des hordes de bourreaux sanguinaires, les takfiristes djihadistes, qui se sont abreuvés du sang de notre peuple, de nos soldats (et dont l'un est mon cousin Zinou assassiné par des terroristes qui leur a donné une leçon de courage inspirée de ses ancêtres, les Abdelmoumen), policiers, intellectuels, artistes. Appelez-le comme vous voulez, pour nous, l'impérialisme a trouvé son démarcheur. Si la doctrine intégriste est la prostituée, son maquereau ne peut-être que les USA. La Corée du nord vient de donner une leçon à l'impérialisme en le réduisant à sa véritable dimension qui est la crise du capital. Nous rêvions d'un jour où des hommes libres se dresseront contre l'ignominie capitaliste et ce jour n'est pas loin, même si les Ben M'hidi, Ali La Pointe, Ernesto Guevara reposent dans les cimetières. Ces hommes sont bien plus vivants que ceux que votre morosité a généralisés, car dans ces cimetières les braves se sont rencontrés et leur souffle est bien plus vivifiant que les rues marchandes du capital déclinant qui n'offre rien à ses citoyens-clients abrutis par le culte du royaume du fric. Est-ce un projet de ne produire que des scandales off shore en donnant des leçons à des peuples prétendus inférieurs ? En quoi consiste «être un civilisé off shore» messieurs les capitalistes ? Moi, je vis avec les ombres des braves patriotes qui, loin des privilèges du faste, ont voulu être les porteurs immortels du flambeau des martyrs Said Mokrani, des chahids du douar Makriwane et de l'homme au sourire qui fait vibrer l'espace et le temps : Larbi Ben M'hidi. Même si un jour, on guérira toutes les maladies du monde, la mort restera toujours à vaincre (proverbe algérien).


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