Le directeur général de l'Organisation arabe du travail (OAT), Ahmed Mohamed Lokman, a indiqué, hier à Alger, que les gouvernements arabes classent désormais le problème du chômage dans les premiers rangs de leurs préoccupations. Une conférence de presse a été animée conjointement par le ministre algérien du Travail, Tayeb Louh, et le DG de l'OAT, Ahmed Mohamed Lokman, à la veille de l'ouverture des travaux de la 40e session de la Conférence arabe du travail, prévue du 15 au 22 du mois en cours. Selon M. Lokman, le taux de chômage dans les pays du Golfe est très faible, n'enregistrant que 3%, mais en général, le chômage dans le monde arabe connaît une augmentation remarquable. «En 2010, la région arabe a enregistré un taux de 14% de chômage, soit 17 millions de chômeurs. Mais après les événements du printemps arabe, ce taux a augmenté de 2% pour atteindre 20 millions de chômeurs», a-t-il précisé en reliant cette augmentation aux reculs qu'a vécus la région notamment dans les investissements, la production, dans le secteur du tourisme ainsi que dans la sécurité. Il a indiqué, entre autres, qu'au deuxième semestre de 2011 et en 2012, il y eut un changement dans les pays arabes sans exception. «En fin de 2012, tous ces pays évoquaient le problème du chômage en première position», a-t-il dit. «Ce problème ne relève pas que des prérogatives du ministère du Travail, mais demande une politique impliquant différents ministères : les Finances, l'Enseignement, l'Economie, le Travail et les Communications.» Il dira que «50 à 60% du secteur économique arabe relève de l'informel», soulignant qu'uniquement six pays ont une quelconque forme de réglementation quant à ce fléau tandis que deux autres y prévoient un projet de loi. Pays hôte, l'Algérie abrite la Conférence arabe du travail pour la deuxième fois dans son histoire. En cette actuelle session à laquelle plus de 600 personnes y participent, elle contribuera par son expérience en matière d'assurance chômage. Il y a lieu de dire que l'Algérie est le premier pays arabe à avoir adopté une telle mesure, et ce, en 1994 suivi par le Yémen. «L'assurance chômage n'existe dans aucun autre pays arabe», a affirmé M. Lokman. En tant que seule organisation sous forme de troïka : «Gouvernement, hommes d'affaires et travailleurs», la Conférence permettra d'«échanger les opinions et les idées et de lancer un débat autour des réelles causes qui mènent au chômage», souligne M. Louh. Le ministre a expliqué que le débat sera profond et concernera le développement et les investissements économiques dans le monde arabe. «En ce qui concerne l'Algérie, ajoute-t-il, le chômage a enregistré, selon l'Office national des statistiques (ONS), 10% en 2011 contre 30% en 1999. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) a prévu un taux de chômage de 9,3% en 2013 en Algérie. Revenant un peu en arrière dans l'histoire du pays, le ministre a déclaré que le chômage s'est répandu durant les années 90 à cause du terrorisme qui a détruit les entreprises économiques privées et/ou étatiques et où plus de 400 000 travailleurs ont perdu leur emploi. L'Etat algérien avait procédé à la subvention des entreprises publiques et depuis cette période, le nombre de chômeurs a été réduit. «Notre expérience était un succès», note-t-il. En plus de cette expérience algérienne dans l'assurance-chômage qui va être présentée à l'ensemble des participants à la Conférence, il sera question de débattre d'autres sujets tels que «l'avenir de l'emploi dans le monde arabe à la lumière des changements économiques et sociaux» et «la formation professionnelle selon la demande du marché du travail», dont la publication du premier rapport de l'organisation arabe est prévu pour le mois prochain.