La 40e session de la conférence arabe du travail, qui se tiendra du 15 au 22 avril à Alger, sera marquée par une conjoncture arabe défavorable. Le printemps arabe a poussé les gouvernements des pays à placer l'emploi comme priorité des priorités en plus de la question de la distribution équitable des richesses. Ahmed Mohamed Lokman, directeur général de l'Organisation arabe du travail (OAT), qui a, lors d'une conférence de presse à la veille de cette session, brossé un tableau noir sur la situation du marché du travail et de l'emploi dans le monde arabe, a expliqué que cette situation est la résultante du désinvestissement, du recul des flux touristiques et de la baisse de la production. Ces facteurs ont engendré une hausse du taux de chômage qui est passé à 16% en 2011, contre 14% en 2010, a-t-il relevé. Les changements politiques et les révoltes dans certains pays arabes ont eu de lourdes conséquences économiques puisqu'en plus de la régression de l'offre d'emploi, le nombre de chômeurs a sensiblement augmenté pour atteindre 20 millions de personnes en 2011, contre 17 millions en 2010, s'est inquiété M. Lokman, selon qui l'emploi informel s'est amplifié pour atteindre des proportions alarmantes et représenter 50 à 60% de la population active. Un projet de convention arabe sur la protection sociale pour les travailleurs du secteur informel est prévu lors de cette rencontre. Il s'agit d'une première discussion qui sera poursuivie au cours de la prochaine session de l'organisation, a prévu M. Lokman. L'assurance chômage comme remède Pour apporter une solution à cette situation, l'OAT envisage de proposer aux pays arabes la création de l'assurance chômage, en prenant l'expérience algérienne, première dans le monde arabe, comme référence. «L'assurance chômage a été imposée par les événements qui ont eu dans le monde arabe», a expliqué M. Lokman, annonçant la décision prise par plusieurs pays arabes de promulguer des lois sur la question. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale M. Tayeb Louh, déclarera que l'Algérie a instauré une allocation chômage en 1994 à travers la création de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), suite à la destruction du tissu industriel durant les années 1990. L'allocation chômage a été attribuée à 400 000 travailleurs licenciés, a noté le ministre, soulignant que l'expérience algérienne dans l'assurance chômage est «une réussite» et sera discutée avec objectivité et placée dans son contexte marqué par la fermeture des entreprises, l'endettement et l'absence d'investissements étrangers. Le chômage en Algérie, particulièrement celui des jeunes, doit être étudié dans un large contexte qui est celui de la production économique et l'investissement. La lutte contre le chômage ne peut se faire en dehors d'un contexte économique performant, a soutenu M. Louh. Evoquant les récents événements de protestation des chômeurs des wilayas du Sud, il a réaffirmé la volonté de son département de lutter contre les disparités salariales entre les salaires de travailleurs d'un même poste de travail au sein des compagnies pétrolières et les entreprises de sous-traitance. Une instruction a été adressée aux walis des wilayas concernées pour corriger cette anomalie. Le ministre a indiqué, par ailleurs, que le taux de chômage pour 2013 sera de 9,3%, selon les prévisions du FMI. Durant cette 40e session, les travaux porteront aussi sur la question de l'avenir de l'emploi à la lumière des changements économiques et sociaux dans les pays arabes, a avancé M. Lokman. Plusieurs rapports seront présentés sur différents thèmes, a-t-il annoncé, citant entre autres un rapport sur le développement équilibré et aspirations des jeunes pour l'obtention d'un emploi décent, les libertés syndicales et le pacte arabe sur l'emploi. L'OAT publiera également une analyse sur les changements du marché du travail dans le monde arabe.