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Quelles perspectives pour l'économie algérienne ?
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 05 - 2013

La stratégie des gouvernements français et algériens vis-à-vis d'ArcelorMittal est-elle comparable ? En 2011, ArcelorMittal employait 260 523 salariés dans plus de 60 pays dont 53 % en Europe avec un chiffre d'affaires, selon son bilan officiel de 91,9 milliards de dollars, la moitié du produit intérieur brut algérien estimé à 180 milliards de dollars (les véritables entreprises contribuant qu'à hauteur de 20% du PIB), contre 2 580 milliards de dollars pour la France, étant le leader mondial dans le domaine de l'acier et des mines.
Arcelor Mittal est donc une multinationale qui a une stratégie de filières mondialisées et s'implantera là où les coûts sont bas et la demande segmentée élevée, animée par la seule rentabilité économique. Dans la pratiques des affaires n'existent pas de sentiments et cela s'adresse tant à la France qu'à l'Algérie où certes les ouvriers de Florence et d'El Hadjar sont préoccupés par leur avenir. La situation est totalement différente entre les deux pays et il faut comparer le comparable. L'Algérie est en excédent de financement avec plus de 200 milliards de dollars de réserve de change et les banques publiques qui contrôlent plus de 90% du crédit octroyé (malgré le nombre les banques privées étant marginales) sont en surliquidités, déconnectés des réseaux financiers mondiaux, ce qui explique le peu d'impact de la crise et il ne faut pas s'en réjouir étant des guichets administratifs renfloués par la rente. L'Algérie est une économie rentière, pour preuve 98% des exportations proviennent d'une seule ressource les hydrocarbures et donc l'économie est indirectement connecté via cette rente à l'économie mondiale où paradoxe, grâce à la croissance des pays émergents le cours du pétrole connaît un prix relativement élevé. Par contre la France souffre d'une crise d'endettement et l'économie française, malgré ses difficultés actuelles dues en grande partie à la crise mondiale est une économie productive reposant essentiellement sur l'initiative privée étant une économie de marché évoluant dans un environnement mondial concurrentiel, étant à l'ère de la mondialisation. En France, comme dans la majorité des pays du monde, une unité non rentable économiquement ferme. En Algérie et cela n'est pas propre à El Hadjar, l'Etat algérien via la rente a assaini les entreprises publiques entre 1971-2012 pour plus de 50 milliards de dollars dont 70% sont revenues à la case de départ, assainissement pour éviter les remous sociaux à l'instar de la situation actuelle où l'on distribue des revenus sans contreparties productives. A l'approche de l'élection présidentielle en Algérie d'avril 2014 et avec les tensions sociales actuelles, le gouvernement n'est pas préoccupé par la rentabilité économique, ce qui suppose qu'il reporte les problèmes qui se poseront à terme car on ne peut distribuer que ce qui a été préalablement produit, la rente étant éphémère en réhabilitant la récompense au travail. Si l'Algérie était dans une véritable économie de marché productive, toute unité non rentable fermerait. Comme souligné précédemment, certes les usines sidérurgiques ArcelorMittal sont actuellement menacées de fermeture en France, en Belgique et au Luxembourg et le ministre du Redressement productif français Arnaud Montebourg avait même parlé d'un projet de «nationalisation transitoire» de Florange, qui a provoqué une mise au point du MEDEF et qui n'a pas fait l'unanimité même dans sa majorité, mais la situation est totalement différente, à moins que l'Algérie ne choisisse une autre orientation socio-économique s'insérant dans le cadre de la mondialisation, tout en n'oubliant pas la nécessaire cohésion sociale. D'ailleurs, c'est tout le débat actuel qui divise tant les économistes et les politiques sur le retour au protectionnisme conséquence de la crise mondiale avec le retour en force des partis populistes en Europe. Le complexe d'El Hadjar sera-t-il renationalisé ? Qu'en est-il exactement pour l'Algérie ? Le complexe d'El Hadjar avait été cédé à Mittal en 2001 qui détient 70% et 30% par l'Etat algérien à travers Sider. Il convient de souligner que depuis deux ans des problèmes de trésorerie se posent à ce complexe, ce qui a poussé la Banque extérieure d'Algérie qui est en même temps la banque de Sonatrach, expliquant son aisance financière, à octroyer en urgence un prêt de 140 millions ? Pour financer le développement de sa production au-delà du seuil de rentabilité de 1,8 million de tonnes annuelles. Il est à noter que le complexe de la sidérurgie d'El Hadjar n'a produit en 2012 que 580 000 tonnes d'acier, alors que l'objectif initialement fixé était de parvenir à produire 700 000 tonnes pour l'année 2012. Pour sauver l'unique complexe sidérurgique du pays employant 7 000 personnes d'une cessation d'activité, des discussions sont en cours pour reprendre le contrôle, le groupe public Sider devant augmenter sa participation dans AMA de 30% à 51% pour un montant de 200 millions $. Selon l'agence officielle algérienne APS, d'avril 2013, un investissement pour un milliard de dollars serait lancé conjointement entre le gouvernement algérien et le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal afin d'augmenter la capacité de production du complexe d'El Hadjar (Annaba) à 2,2 millions de tonnes par an. Ces mesures seront-elles pérennes et ne risque-t-on pas de reproduire les assainissements à fonds perdus comme par le passé d'autant plus que l'Algérie est liée à un Accord de libre échange avec l'Europe dont le dégrèvement tarifaire zéro est prévu horizon 2020 et qu'elle aspire à adhérer à l'organisation mondiale du commerce ? (A suivre)

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