Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Abdelmadjid Dennouni, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens du bâtiment, travaux publics et hydraulique (Ugea), est revenu sur la crise du ciment né de la distorsion entre l'offre mise sur le marché par la production en Algérie et la demande nationale induite par les nombreux investissements publics dans le bâtiment, les travaux publics et autres infrastructures. Le déficit en ciment est un des arguments généralement avancé pour expliquer le retard mis par les entreprises nationales dans la réalisation des programmes de logements sociaux décidés et engagés par le gouvernement. Abdelmadjid Dennouni a rappelé que la production nationale est de l'ordre de 18 millions de tonnes, répartie entre plus de 11,5 millions de tonnes assurées par le groupe industriel des ciments d'Algérie Gica (public) qui détient 12 cimenteries, et 7 millions de tonnes par les cimenteries privées du Groupe Lafarge, alors que la demande dépasse 21 millions de tonnes, d'où un déficit de trois millions de tonnes qui est comblé par les importations. Mais cela n'empêche pas le prix de grimper du fait d'une spéculation qui ne rate aucun produit sensible et le ciment en est un par excellence. Il fait constater que le prix du sac de 50 kilos, disponible sur le marché parallèle, est monté à 900 DA, et grimpe même jusqu'à 1 000 DA. Pourtant, ajoute-t-il, il est vendu à 300 DA par l'Etat au niveau des cimenteries du secteur public. D'où les fortes tensions connues sur le marché du ciment et dont souffrent les entreprises des secteurs du BTPH. La vraie solution, dans ce contexte, estime M. Dennouni, est d'obliger les grandes entreprises qui sont sur les grands chantiers à s'approvisionner en ciment importé, afin de permettre aux PME du BTPH de s'approvisionner sur le marché local qui serait moins tendu. Dans ce cas, les logements seraient réalisés dans les délais, puisqu'il n'y aurait pas de pénurie. A condition, ajoute-t-il, de procéder à la défiscalisation du ciment importé. Si cette solution est adoptée, il y aurait 2 millions de tonnes de ciment disponibles pour les PME du BTPH. Faut-il construire de nouvelles cimenteries ? M. Dennouni pense qu'il faut plutôt réhabiliter les anciennes pour ne pas avoir sur les bras un surplus de production qui sera difficile à placer à l'étranger vu la crise économique qui va s'approfondir dans les pays développés. Côté chiffres, M. Dennouni rappelle que le nombre des entreprises PME/PMI dans le domaine du BTPH dépasse les 24 000 avec un effectif employé d'environ 800 000 salariés. Les capacités des entreprises nationales leur donnent la possibilité de réaliser au moins 100 000 logements par an.