Des chiffres record continuent à être enregistrés en matière de saisie de cannabis. 73 tonnes pour l'année 2012 et 40 autres tonnes pour les cinq premiers mois de l'année rien que pour les services de la Gendarmerie nationale. Les services d'Interpol estiment la production annuelle du Maroc, premier au monde, à 100 000 tonnes de cannabis par an. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le colonel Mohamed Tahar Bennaâmane, directeur de la sécurité publique et de l'emploi au commandement de la Gendarmerie nationale, a expliqué que les quantités de drogue saisies dans différentes régions du pays, notamment à l'ouest, étaient destinées à transiter afin de gagner le marché de l'Europe et du Moyen-Orient via la Tunisie, la Libye ou le Niger. En effet, l'Algérie demeure un pays de transit et non une destination finale du kif marocain. Ce n'est pas aussi l'unique itinéraire emprunté par les réseaux de narcotrafiquants mais le plus important, notamment au cours des dernières années. Le directeur de la sécurité publique a noté que la crise au Mali a perturbé l'axe Maroc-Mauritanie-Mali pour l'acheminement de la drogue et a rendu le passage du cannabis par l'Algérie plus intense. Il a de même souligné que face au dispositif de sécurité renforcé sur tout le territoire national, notamment au niveau des zones frontalières, les narcotrafiquants sont devenus plus agressifs et tentent de faire passer leurs marchandises par la force en utilisant les armes de guerre. «La grande mobilisation des services de sécurité algériens contre ce trafic transfrontalier et l'instabilité du climat sécuritaire dans les pays du Sahel ont poussé les narcotrafiquants qui, autrefois, utilisaient le territoire du Mali comme passage privilégié, à affronter directement les services de sécurité algériens, ce qui explique en grande partie les grandes quantités qui sont saisies sur le territoire algérien», a affirmé le colonel Bennaâmane, citant, à titre indicatif, les tentatives menées par les narcotrafiquants, en 2011, pour l'introduction de la drogue à partir de Béchar et Tindouf, avec usage d'armes lourdes contre les unités de la Gendarmerie nationale qui les ont interceptés ainsi qu'un cas similaire enregistré en 2012 à Adrar. Pour faire face à l'ampleur que prend le narcotrafic, le représentant de la gendarmerie a assuré que les services de sécurité mènent un combat implacable contre ce problème de sécurité, de santé publique et d'atteinte à l'économie nationale. L'invité de la rédaction de la Chaîne III a, par ailleurs, récusé la thèse selon laquelle les services de sécurité algériens ne mettaient la main que sur 10% des quantités traversant les frontières algéro-marocaines. «L'étude selon laquelle seuls 10% des quantités de drogue transitant par l'Algérie sont saisies est aléatoire, sachant que l'Algérie n'est pas l'unique filière du narcotrafic marocain», a-t-il soutenu, rappelant que la frontière algéro-marocaine sont de 1 600 km pour lesquelles des moyens humains et matériels importants sont mobilisés afin d'assurer la surveillance du territoire et la lutte contre le crime organisé transfrontalier. Pour ce qui est de la consommation de la drogue dans notre pays, le directeur de la sécurité publique de la gendarmerie a indiqué que le phénomène est en train de prendre de l'ampleur d'où la nécessité d'impliquer la famille, l'école, le mouvement associatif et la société entière dans une stratégie nationale de lutte efficace contre ce problème de sécurité et de santé publique.