Fléau - «Depuis bientôt deux à trois ans, le trafic des stupéfiants a pris de l'ampleur et les quantités saisies sont témoins de la gravité du phénomène auquel l'Algérie est confrontée. Cela représente même, un défi pour notre pays». C'est ce qu'a déclaré le directeur de la sécurité publique et de l'emploi au commandement de la Gendarmerie nationale, ce lundi matin dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Le Colonel Mohamed-Tahar Benaâmane a ajouté que «ces dernières années ont été marquées par une évolution inquiétante du trafic de la drogue dans le monde. Il va de soi que cette évolution qui se distingue par la nature des produits qu'elle concerne, et par les zones géographiques qu'elle touche, concerne également l'Algérie». Ainsi, selon les chiffres avancés par le même officier, en 2012, la Gendarmerie nationale, a, à elle seule, saisi, 73 tonnes de cannabis. En outre, rien que pour les cinq premiers mois de l'année en cours, les quantités saisies sont de l'ordre de 40 tonnes. Ces quantités ont été saisies à travers différentes wilayas du pays, particulièrement celles de l'Ouest. Tlemcen occupe le haut du podium au vu de la provenance de la totalité de ces quantités de drogue du Maroc voisin, un pays considéré comme étant l'un des plus grands pays du monde producteurs de cannabis avec une quantité avoisinant les 100 000 tonne/an. «Cependant, la filière Algérie n'est pas unique pour le Maroc donc nous ne pouvons calculer la totalité des quantités saisies par rapport à la production de ce pays que si nous avons connaissance du reste des filières ainsi que le reste des quantités exportées du royaume marocain à travers le monde», a en outre noté le directeur de la sécurité publique et de l'emploi au commandement de la Gendarmerie nationale. «Beaucoup d'études démontrent effectivement que sur les quantités qui transitent, 10% sont saisies mais étant donné que les réseaux marocains ne sont pas encore connus, pas plus que les quantités acheminées à travers le monde, ces études demeurent aléatoires», a affirmé le Colonel Mohamed-Tahar Benaâmane. Se basant sur une étude réalisée durant l'année 2010-2011, par l'Institut national de la criminologie et de la criminalistique de la Gendarmerie nationale, le même officier a en outre révélé que selon le profilage de la drogue établi par les experts de cet institut, ces quantités ont une traçabilité. «Les saisies opérées par les différents services de sécurité, démontrent que les quantités qui transitent via l'Algérie, sont là pour une période pour atterrir par la suite soit en Libye, soit au Niger ou la Tunisie pour finir en Europe ou le Moyen-Orient», a-t-il fait savoir. Parlant de circuits utilisés par les narcotrafiquants, le Colonel Benaâmane, a estimé qu'ils ne sont pas définis puisqu'ils changent tout le temps. «Tout comme les services de sécurité qui s'adaptent aux méthodes des narcotrafiquants, ces derniers s'adaptent aussi aux dispositifs mis en place par les éléments de la Gendarmerie et autres services de sécurité sur le terrain», a-t-il soutenu. Pour lui, l'instabilité du climat sécuritaire dans certains pays du Sahel a favorisé l'axe Maroc-extrême nord de la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Libye et enfin l'Egypte.