Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a été élu, dimanche, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) «à une très large majorité des membres du Conseil d'administration». Il avait initialement désigné l'avocat Chems Eddine Hafiz pour représenter la GMP à la présidence du CFCM. Mais ce choix avait été contesté par d'autres fédérations, notamment le RMF, parce que Me Hafiz est l'avocat du Front Polisario qui lutte pour l'indépendance du Sahara Occidental annexé par Rabat en 1975. Le CFCM a été créé en 2003 à l'initiative des pouvoirs publics français, après une longue gestation, pour doter d'une instance représentative les musulmans vivant en France, (estimés selon Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur entre 5 et 6 millions) dont le rapport à la religion et le degré de pratique est très variable. Mais il est miné par des tensions entre l'islam consulaire marocain ou algérien, et l'islam transnational de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) et du mouvement piétiste du Tabligh. A cela s'ajoutent les tensions entre les intérêts diplomatiques des Etats d'origine, algérien, marocain ou turc. Après des années de crise, un accord a été conclu pour la mise en place d'une direction collégiale et tournante. En vertu de cet accord, des élections ont eu lieu le 8 juin, qui ont vu la domination des pro-Maroc avec 25 sièges, contre huit aux pro-Algérie et sept aux Turcs. Mais le scrutin a souffert du boycott à la dernière minute de l'UOIF, elle-même tiraillée entre ceux qui veulent jouer le jeu du CFCM et ceux qui préfèrent rester autonomes. Des responsables de mosquées ont lancé le 18 juin un appel à créer une structure alternative au CFCM qu'ils jugent non démocratique. Les nouveaux dirigeants du CFCM ont exprimé dans un communiqué leur inquiétude face à la recrudescence des actes antimusulmans en France, qui auraient augmenté de 25% au premier semestre 2013 selon un décompte de l'Observatoire de l'islamophobie. Ils ont également réitéré leur condamnation ferme de tout acte de violence ou appel à la haine au nom de leur religion et rappellent que nul ne peut se prévaloir d'agir au nom d'une religion ou d'une idéologie pour justifier des comportements contraires aux principes et aux valeurs du «Vivre-Ensemble». Cette déclaration intervient deux jours après la mise en examen de quatre adeptes de l'islam radical soupçonnés d'avoir voulu préparer des actes terroristes en France.