Les élections de dimanche pour les instances du Conseil français du culte musulman (CFCM) se traduisent par « le succès annoncé » du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et la progression de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), relève le ministère de l'Intérieur. Selon le ministère, l'UOIF est « le grand bénéficiaire du retrait de la Fédération de la Grande Mosquée de Paris » (GMP), qui a boycotté le scrutin. Le RMF n'existait pas en 2005, au moment des précédentes élections au CFCM. Il est né de la scission de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), dont il a récupéré l'électorat. Ces résultats mettent le RMF, soutenu activement par Rabat pendant la campagne électorale, en position favorable pour remporter le poste de président du CFCM. Le scrutin est prévu pour le 22 juin. Le RMF a recueilli 1675 voix (43,24%), ce qui lui donne 20 sièges au conseil d'administration du CFCM, l'UOIF avec 1171 voix (30,23%) obtient 13 sièges, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) a obtenu 493 voix (12,05%), soit 4 sièges, la FNMF avec 68 voix (1,76%) a 1 siège. Enfin, les « divers », notamment les musulmans des Antilles, Afrique et Comores, des Algériens, les piétistes du Tabligh obtiennent 467 voix (12,05%), soit 3 sièges au CA. Outre ces 41 sièges correspondant aux votes, le CA compte également 17 « membres de droit » qui représentent les fédérations fondatrices du CFCM (UOIF, GMP, FNMF, CCMTF) et plusieurs grandes mosquées. Grâce à cette disposition, la GMP, qui n'a pas participé au scrutin, obtient 3 sièges au CA (2 comme membre fondateur, 1 pour la mosquée de Lyon). La FNMF n'a plus que de maigres troupes mais 3 sièges au CA (1 élu et 2 membres de droit). Quant au RMF, qui n'est pas un membre fondateur du CFCM, il a aussi 2 membres de droit, grâce notamment à ses mosquées d'Evry et Mantes. Depuis sa création en 2003, le CFCM n'a pas réussi à se montrer indispensable. Il est chargé de s'occuper de la construction des mosquées, des carrés confessionnels dans les cimetières, de l'abattage rituel des moutons pour l'Aïd, de la formation des imams et aussi du pèlerinage à La Mecque. Pour le scrutin de 2008, Dalil Boubakeur et la Mosquée de Paris ont boycotté les élections et n'ont plus que 3 sièges au conseil d'administration, au titre de membre fondateur. L'effacement de l'Algérie au profit du Maroc pose beaucoup de problèmes. Les nouvelles instances élues savent que leur score est biaisé et qu'il leur sera difficile de faire sans la Grande Mosquée de Paris. Vieux briscard, Dalil Boubakeur se réfugie dans le silence, convaincu que le temps joue pour lui. Le recteur de la Mosquée de Paris, arrivé pourtant troisième en 2005, a su ravir la direction. La Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris n'occupe que 15% de la surface cultuelle en France, mais se présente comme l'organisation musulmane la plus ancienne et la mieux établie du pays. Derrière le différend sur le mode de scrutin, se joue une lutte d'influence entre la FNGMP, soutenue par l'Algérie, et le RMF créé en 2006 avec le soutien du Maroc. Anouar Kbibech, président du RMF, vainqueur du scrutin, a déclaré que la nouvelle direction au CFCM était désireuse de voir la Grande Mosquée de Paris rejoindre le conseil. « La Grande Mosquée de Paris a une grande importance symbolique. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour la voir revenir », a-t-il déclaré. Réponse le 22 juin.