La justice égyptienne a ordonné l'arrestation du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de plusieurs responsables du parti. De leur côté, les islamistes menacent de prendre les armes si toutefois l'ex-président Morsi n'est pas libéré pour retrouver le palais présidentiel. Ce qui à craindre,c'est le retour du fameux groupe armé Jihad islamique égyptien, le bras armé des Frères musulmans qui a assassiné le président Annouar Sadate le 6 octobre 1981. Plusieurs réseaux sociaux montrent des militants islamistes s'entraînant dans plusieurs camps en Egypte. Hier, deux éléments des forces de sécurité ont été assassinés par un groupe armé qui a attaqué un point de contrôle militaire au centre du Sinaï. Avant cela, une autre attaque a visé une base de la police au nord de la péninsule égyptienne. Selon des médecins et des responsables de la sécurité, l'une des victimes est un civil dont la voiture a été touchée par une grenade. L'autre mort n'a pas été identifié. Le point de contrôle, au milieu de la péninsule, était géré par des militaires et des policiers, selon ces sources. L'autre attaque s'est produite près de la ville de Rafah, sur la frontière nord du Sinaï, où des hommes armés ont bombardé une base de la police avec des obus de mortier et à l'arme lourde. Ces assaillants ont également attaqué un autre point de contrôle de la police dans la ville d'El-Arish, à environ 45 km à l'ouest de Rafah. Même si les décisions de la justice d'arrêter le «morchid» et les cadres des Frères musulmans pourraient amplifier la tension, les nouvelles autorités du pays préparent déjà l'interdiction de l'ensemble des mouvements islamistes. La justice égyptienne accuse le guide suprême des Frères musulmans et plusieurs de ses collaborateurs d'avoir incité les foules à la violence après la destitution de Mohamed Morsi. Selon des sources proches de la haute Cour d'Egypte, le procureur général a ordonné l'arrestation du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d'autres hauts responsables de la confrérie, qui sont accusés d'incitation à la violence en relation avec les violences sanglantes survenues devant le siège de la Garde républicaine au Caire lundi, a-t-on indiqué de source judiciaire. D'après des sources judiciaires, 200 personnes ont été inculpées dans le cadre de ces violences qui ont fait 51 morts et 435 blessés, selon les urgences, durant une manifestation de partisans de Mohamed Morsi. La confrérie, qui a appelé au «soulèvement» après ce «massacre», a affirmé que des soldats et des policiers avaient ouvert le feu sans aucune raison sur les manifestants. L'armée a assuré pour sa part avoir répliqué après une attaque de «terroristes armés». Mais pour l'organisation de défense des droits de l'Homme, Amnesty International, «même si certains manifestants ont pu se montrer violents, la réponse (de l'armée) a été disproportionnée et est à l'origine de décès et de blessures parmi la foule». Mohamed Badie était déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt pour de précédentes violences. Selon des sources proches des nouvelles autorités, une Constitution serait déjà en préparation par laquelle les mouvements islamistes ne pourraient pas participer à la vie politique. La nouvelle Constitution égyptienne préconisée par les nouvelles autorités est similaire à celle de l'Algérie sur la composition des partis politiques. Elle interdit la fondation des partis politiques à caractère religieux ou régionaliste. Pour l'instant et afin d'apaiser les esprits surchauffés des islamistes et de rendre le calme à la rue, le nouveau Premier ministre a proposé aux partis des «salafistes» de participer au gouvernement. Mais une fois le calme revenu, les nouvelles autorités demanderont à l'ensemble des partis et mouvement religieux de se mettre en conformité avec la loi, faute de quoi, ils seront dissous par la justice. Malgré cette situation, le nouveau Premier ministre, Hazem Beblawi, entamait des consultations pour former un gouvernement de transition, dans un climat de méfiance des laïcs antiMorsi et d'hostilité des partisans de l'ex-chef d'Etat déposé par l'armée, après des manifestations monstres de l'opposition. Des manifestations pro-islamistes sont prévues dans la soirée du mercredi après la prière des «tarawih», a indiqué un responsable de l'opposition.