Les Frères musulmans et l'opposition qui a soutenu la destitution du président Mohamed Morsi ont rejeté hier la «déclaration constitutionnelle» décrétée par le président intérimaire Adly Mansour, tandis que l'armée a mis en garde contre toute perturbation dans le «délicat et complexe» processus de transition. Les Frères musulmans dont est issu Morsi ont rejeté par la voix d'un de leurs hauts responsables, Essam al-Erian, la «déclaration constitutionnelle faite par un homme nommé par des putschistes», jugeant qu'«elle ramène le pays à la case départ». Ils ont également refusé hier l'offre d'entrer au nouveau gouvernement que compte former le Premier ministre Hazem Beblawi, affirmant ne pas «pactiser avec des putschistes». Dans la nuit, un porte-parole de la présidence, Ahmed al-Muslimani, avait indiqué que Beblawi, désigné mardi soir, allait offrir «quelques postes» au sein du cabinet de transition au Parti de la Liberté et de la Justice, le bras politique des Frères musulmans. «Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup» militaire, a déclaré un porte-parole des Frères, Tareq al-Morsi. La principale coalition de l'opposition égyptienne, qui a ouvertement soutenu la destitution du président Morsi, a dénoncé mardi la déclaration constitutionnelle investissant le président intérimaire de pouvoirs étendus et esquissant une feuille de route en vue de nouvelles élections. La coalition, qui était dirigée par Mohamed El Baradei jusqu'à sa nomination comme vice-président dans le nouveau gouvernement, s'est plainte d'un manque de consultation avant l'adoption du décret. Le président par intérim, Adly Mansour, a décrété dans la nuit de lundi à mardi que l'organisation des élections législatives serait lancée avant la fin de l'année. La déclaration constitutionnelle prévoit le lancement de l'organisation des législatives avant fin 2013 et sa fin avant début février 2014. Une présidentielle sera ensuite annoncée. Avant cela, une nouvelle Constitution sera soumise à référendum. Par ailleurs, la diplomatie égyptienne a assuré hier par voix de son porte-parole, Badr Abdelatty, que le président déchu Mohamed Morsi se trouve «en lieu sûr» et il ne fait «pour l'heure l'objet d'aucune poursuite» judiciaire. Cependant, le procureur général égyptien a ordonné hier l'arrestation du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d'autres hauts responsables de la confrérie dans le cadre des violences qui ont fait plus de 50 morts lundi. Ils sont accusés d'incitation à la violence en relation avec ces heurts sanglants survenus devant le siège de la Garde républicaine au Caire, durant une manifestation de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi. Quelque 200 personnes ont été également inculpées hier par la justice égyptienne, notamment pour meurtre et incitation à la violence, à la suite des affrontements ayant fait plus de 50 morts lors d'une manifestation islamiste lundi au Caire. Ces accusés seront maintenus en détention préventive durant les 15 prochains jours, pendant la poursuite de l'enquête. Ils sont également poursuivis pour port d'armes non autorisées et troubles à l'ordre public et à la sécurité. Attaques dans le Sinaï Deux personnes ont été tuées hier dans l'attaque par des militants armés d'un point de contrôle de sécurité au centre du Sinaï, a rapporté la presse égyptienne citant une source médicale. Selon la même source, l'une des victimes est un civil dont la voiture a été touchée par une grenade. L'autre mort n'a pas été identifié.