Mohamed Morsi n'est plus le président d'Egypte, l'armée l'a destitué et du coup, elle a repris le pays des mains des islamistes. La Constitution a été également suspendue et c'est le président du Conseil constitutionnel, Ali Mansour, qui a été désigné pour assurer la période de transition. De son côté Morsi et les Frères musulmans contestent cette décision l'a qualifiant de coup d'Etat» Comme nous l'avons donné précédemment, le haut commandement des forces armées égyptiennes a décidé de détrôner Mohamed Morsi, le président élu, du mouvement islamiste. Prenant la parole devant les caméras de la télévision nationale, Abdelfattah Sissi s'est adressé au peuple égyptien déclarant que la Constitution est suspendue et que M. Mansour a été désigné pour assurer la transition. Au même moment Mohamed Morsi a été arrêté en compagnie de plusieurs de ses collaborateurs et mis en résidence surveillée. Le guide suprême des Frères musulmans, son adjoint et plusieurs cadres de cette organisation ont été interpellés. Selon des sources crédibles, les forces de sécurité ont arrêté Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans égyptiens, mouvement dont est issu le président Mohamed Morsi. Mohamed Badie, qui était sous le coup d'un mandat d'arrêt, pour incitation à tuer des manifestants qui protestaient dimanche devant le siège des Frères musulmans, a été arrêté à Marsa Matrouh (nord-ouest), a précisé cette source. Les informations que La nouvelle République a données dans sa précédente édition ont été officiellement confirmées. En plus de l'arrestation des dirigeants et de plusieurs collaborateurs de l'ex-président Morsi, une liste comportant des responsables des Frères musulmans et des élus de l'Assemblée a été diffusée à la police de frontière afin d'interdire à ces derniers de quitter le territoire. Par ailleurs, la décision des forces armées de «détrôner» M. Morsi a été accueillie par une forte explosion de joie par des milliers de citoyens qui se trouvaient sur la place «Tahrir» et dans plusieurs régions du pays. Des éléments de forces de police et des militaires ont rejoint les milliers de manifestants, laissant éclater leur joie, ont indiqué des sources sur place. Quelques heures seulement après cette décision, les forces armées ont investi les locaux de la chaîne du Qatar Al Jazeera et ont procédé à l'arrestation du directeur de cette station au Caire et de 27 autres techniciens, caméramen et correspondants. Cet état de fait a eu lieu après que la télévision du Qatar a diffusé sur ces écrans un discours du président Mohamed Morsi, appelant les militaires et les citoyens à rejeter la décision du haut commandement des forces armées. Plusieurs autres chaînes de télévision pro-islamistes ont été fermées par les forces armées. Au lendemain de la décision de l'armée, le président du Conseil constitutionnel a prêté serment déclarant qu'il s'engage à protéger la République. «Je m'engage à préserver le système de la République, à respecter la Constitution et la loi et à protéger les intérêts du peuple», a-t-il indiqué. Après cet échec de «démocratiser» l'Egypte par la voie du «printemps arabe», les autres pays ayant connu des changements à travers les dernières révolutions, craignent un éventuel retour de manivelle. C'est le cas surtout de la Tunisie où le guide du parti d'Ennahda au pouvoir a déclaré que cet état de fait est probable mais sera selon lui une perte de temps. De son côté, le président tunisien, Moncef Marzouki, a estimé que les autorités élues de Tunisie ne risquaient pas d'être renversées comme en Egypte, tout en jugeant qu'elles devaient faire «attention» aux attentes du peuple. «Je ne pense pas (qu'il y ait un risque de contagion) parce qu'ici l'armée est républicaine», a-t-il relevé, tout en soulignant que les dirigeants tunisiens devaient «comprendre ce signal, faire attention, et comprendre qu'il y a de grosses demandes sur le plan social et économique». Plusieurs morts dans des heurts opposant islamistes et forces de sécurité Répondant à l'appel des partis islamistes, des milliers d'Egyptiens ont manifesté dans la capitale et dans plusieurs autres villes d'Egypte. Ces manifestations ont été marqué par des affrontements entre pro, anti-Morsi et forces de sécurité. Au moins une dizaine de personnes ont trouvé la mort et plusieurs autres ont été blessées dans ces heurts. Les pro-Morsi se sont rassemblés pour la traditionnelle prière musulmane, devant la mosquée de Nasr City, un faubourg du Caire, où des partisans du président déchu campent depuis plusieurs jours. Ils ont été rejoints en fin de matinée par de nombreux islamistes. Regroupées au sein du «Front national de défense de la légitimité», les principales forces islamistes ont appelé à manifester en masse et «pacifiquement» contre «le coup d'Etat militaire». Les Frères musulmans ont dénoncé «la terreur de l'Etat policier». Des avions de combat survolaient le Caire où de nombreux blindés étaient déployés, après que le ministère l'Intérieur a prévenu qu'il répondrait «fermement» à tout trouble. La coalition de l'opposition à Mohamed Morsi a lancé un appel «urgent» à manifester en masse en Egypte «en soutien à la révolution du 30 juin». Un soldat égyptien a été tué dans des attaques simultanées de militants islamistes pro-Morsi qui ont tiré vendredi matin à la roquette et à la mitrailleuse sur des postes de police et militaire au Sinaï. Deux soldats ont été blessés dans l'attaque d'un point de contrôle de l'armée à Al-Gura, dans le nord de la péninsule. Un poste de police et un bâtiment des renseignements militaires dans la ville frontalière de Rafah ont, par ailleurs, été attaqués à la roquette, selon des sources de sécurité. Les islamistes radicaux se servent de la région nord de la péninsule, peu peuplée, comme d'un tremplin pour attaquer les forces de sécurité et Israël. Dans l'après-midi d'hier, des affrontements ont opposé également des dizaines d'islamistes aux forces de sécurité. Plusieurs postes de police ont été attaqués et incendié par des groupes islamistes. Quelques minutes seulement après la fin de la prière du vendredi, des dizaines d'islamistes ont attaqué une caserne militaire au Caire. Ces derniers voulaient, selon plusieurs sources, vouloir libérer Mohamed Morsi qui serait détenu dans cette caserne. Les militaires ont fait usage de bombes lacrymogènes et ont réussi à repousser les assaillants. Des pro-Morsi ont affirmé à Al Jazeera que les militaires ont tiré sur la foule avec des balles réelles faisant 3 morts. Le ministère de l'Intérieur a démenti ces informations. Le guide des Frères musulmans, Mohamed Badie, dont les informations ont indiqué qu'il a été arrêté, a fait son apparition et s'est adressé à des milliers de manifestants. Il a déclaré dans son discours que seul le retour du président Mohamed Morsi pourrait éviter un enfer en Egypte. Au moment où nous mettons sous presse, le guide des Frères musulmans n'a pas terminé son discours alors que des dizaines d'hélicoptères militaires survolaient les lieux. Nous y reviendrons.