Le ministre de l'Intérieur égyptien est sorti miraculeusement indemne d'une tentative d'assassinat dont il a fait l'objet au Caire. Plus de 20 personnes dont plusieurs éléments de sa garde rapprochée ont été grièvement blessées. Même si pour l'instant, l'attentat n'a pas été revendiqué, les doigts accusateurs se pointent en direction des «Frères musulmans» et plus précisément vers sa branche armée, le djihad islamique. Selon des témoignages, une forte explosion a visé le cortège ministériel quelques minutes seulement après que le général Mohamed Ibrahim a quitté son domicile. Dans l'attente des résultats de l'enquête, c'est une bombe déposée à l'intérieur ou sous la voiture qui était en stationnement dans la banlieue résidentielle qui a explosé au passage du cortège ministériel. Certaines sources évoquent même un engin explosif qui a été lancé à partir d'un balcon. La déflagration a fait dans un premier bilan plus de 20 blessés alors que le ministre de l'intérieur est sorti indemne. Dans une déclaration à la presse, M. Mohamed Ibrahim a indiqué que l'Etat égyptien frappera d'une main de fer, les forces du mal et ceux qui veulent nuire à la sérénité et la sécurité du pays. M. Mohamed Ibrahim a dénoncé une «lâche tentative» d'assassinat. Le ministre a ajouté qu'il avait prévenu qu'il y aurait une vague de terrorisme après l'opération menée contre les sit in organisés anarchiquement. Ce n'est pas la première fois que les groupes islamistes visent des hautes personnalités de l'Etat égyptien. Le dernier attentat à la bombe en dehors du Nord-Sinaï avait eu lieu à Mansoura au nord-est du Delta le 23 juillet. L'attentat de jeudi marque une escalade dans la confrontation entre le gouvernement et les partisans de l'ex-président Morsi. Des islamistes avaient menacé, devant caméras, d'attentats à la voiture piégée et d'explosions télécommandées si les putschistes ne rendaient pas le pouvoir au président Frère musulman Mohamed Morsi. Les «djihadistes» qui ont exécuté le président Anouar Essadate sont issus de la confrérie. Après l'assassinat d'Assadat, l'organisation des frère musulmans a été dissoute et fut interdite d'exercer en politique en Egypte. Malheureusement après la chute de Hosni Moubarak, les islamistes ont saisi cette occasion pour revenir en force sur la scène politique. La demande des Frères musulmans de se reconvertir en parti politique a été acceptée par les nouveaux dirigeants du pays, et furent agrémentés. Comme l'ensemble de mouvements islamistes, les Frères musulmans d'Egypte ont instrumentalisé l'islam à des fins politiques et réussi à s'accaparer du pouvoir. Après 12 mois seulement de gouvernance, l'institution militaire s'est aperçue que les frères musulmans sont incapables de diriger le pays. Alors que la rue gronde, les dirigeants de la confrérie et à leur tête le président Morsi tentent de mettre fin au régime républicain pour y instaurer un Etat théocratique. Les militaires saisissent les manifestations populaires du mois de juin et juillet 2013 contre le pouvoir islamiste pour destituer Morsi. L'intervention de l'armée avait pour but de sauver la République et d'empêcher l'Egypte de plonger dans un tunnel de conflits, et un éventuel effondrement des institutions de l'Etat. Mohamed Morsi a été destitué et fut placé en détention préventive pour son implication présumée dans des attaques contre les forces de sécurité en complicité avec des activistes du Hamas palestinien. Les Frères musulmans ne baissent pas les bras et menacent de «brûler la terre» sous les pieds de l'armée, l'accusant d'avoir perpétré un coup d'état militaire contre un régime légal. Depuis la destitution de Mohamed Morsi, les groupes islamistes s'attaquent aux forces armées dans plusieurs régions du pays. Pour l'instant aucune organisation n'a revendiqué l'attentat contre le ministre de l'intérieur. En revanche, des doigts accusateurs se pointent vers le «djihad islamique», un groupe armé issu des frères musulmans. Le jihad islamique est le bras armé de la confrérie. C'est en quelque sorte, le GIA ou l'AIS et le Front islamique en Algérie. Crée dans les années 1970, ce groupe était à l'origine de plusieurs attentats terroristes en Egypte. Le 6 octobre 1981, cette organisation a été à l'origine du meurtre du président Anouar Essadate. Elle a été placée sur la liste officielle des organisations terroristes et fut considérée par l'ONU comme alliée d'Al-Qaïda. Craignant d'autres attentats et violence dans le pays, les autorités égyptiennes ont mis en garde la population, l'appelant à plus de vigilance.