L'exposition-rétrospective du peintre franco-algérien Djamel Tatah, regroupant pour la première fois en Algérie, une cinquantaine de tableaux réalisés entre 1986 et 2012, a été inaugurée samedi à Alger en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et de nombreux artistes et plasticiens. Visible jusqu'au 21 novembre prochain au Musée d'Art Moderne et Contemporain d'Alger (MaMa), cette exposition propose un large aperçu de l'œuvre singulière de ce peintre reconnu, marquée par une grande sobriété dans la présentation de figures humaines, peintes en taille réelle sur des fonds de différentes couleurs. Ce style particulier des peintures de Djamal Tatah, souvent qualifié de «minimaliste» par les critiques, s'appuie sur une technique tout aussi particulière qui mêle huile, cire sur toile et numérisation, donnant aux personnages un aspect à la fois réaliste, de par leur taille grandeur nature, et étrange de par les fonds dépouillés et monochromatiques des toiles. Sans titres pour leur majorité, ces tableaux de femmes, d'hommes et d'enfants anonymes, représentés dans différentes postures et situations, seuls, en couple ou en groupe, invitent, grâce à leur univers silencieux et à leur forte capacité à susciter l'identification chez le visiteur, à une méditation sur «le sens de notre devenir commun», explique l'artiste. Cette capacité de susciter la réflexion du visiteur est accentuée dans les tableaux placés en série où le peintre joue sur les variations des couleurs et des positions des personnages, très semblables, mais jamais identiques, invitant également «à regarder plus longuement pour voir où se joue la différence», poursuit-t-il. Le peintre accorde aussi une place importante au découpage de l'espace dans les tableaux, et joue sur différentes formes géométriques pour placer ses personnages qu'il peint assis, couchés, enlacés ou entassés les uns sur les autres, multipliant ainsi les interprétations possibles et les émotions qu'il souhaite communiquer. Autre particularité, l'absence de référent temporel ou spatial dans la plus grande partie des tableaux, à quelques exceptions comme les deux versions de «Femmes d'Alger», inspirées, dit le peintre, «par des évènements très violents en Algérie dans les années 1990». Organisée par le ministère de la Culture en collaboration avec l'Académie de France à Rome-Villa Médicis et la fondation française «Marguerite et Aimé Maeght», l'exposition rétrospective de Djamel Tatah est aussi accompagnée d'un catalogue de textes critiques, de reproductions d'œuvres, ainsi que de différentes photographies du peintre dans son atelier. Né en 1959 à Saint-Etienne (France) de parents algériens, Djamal Tatah entre à l'école des Beaux-arts de sa ville en 1984 et expose pour la première fois à Toulouse en 1989, après avoir effectué de nombreux voyages en Algérie. Il connaitra un succès international à la suite de sa première grande exposition personnelle en 1999 à Paris.