Confrontée à la colère des Européens qui ne faiblit pas, la Maison Blanche a promis d'essayer de contenir les activités d'espionnage des services de renseignement américains, et le président Barack Obama envisagerait d'interdire les écoutes de dirigeants alliés. «Il y a des efforts en cours pour améliorer la transparence et travailler avec le Congrès (...) afin de trouver les moyens de mieux contrôler et contenir les institutions impliquées dans les programmes» d'espionnage, a affirmé lundi le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Simultanément, le New York Times assurait que Barack Obama s'interrogeait sur l'opportunité de déclarer illégales les écoutes des conversations de dirigeants amis, comme ce fut le cas pendant des années à l'encontre de la chancelière allemande, Angela Merkel. Car Washington continue de subir la bronca de pays européens visés par ses opérations d'espionnage. Jour après jour, la polémique est nourrie par de nouvelles révélations sur l'ampleur des mesures de surveillance des données électroniques par la NSA, les dernières en date concernant l'Espagne. Selon le quotidien espagnol El Mundo, la NSA a récemment espionné plus de 60 millions d'appels téléphoniques en un mois en Espagne, qui s'ajouterait ainsi à la longue liste des pays européens espionnés, tels que la France et l'Allemagne. «Ces pratiques, si elles sont avérées, sont inappropriées et inacceptables entre pays alliés et amis», a réagi le ministère espagnol des Affaires étrangères, où a été convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis à Madrid. «Confiance ébranlée» Une délégation du Parlement européen est arrivée lundi pour une visite de trois jours aux Etats-Unis, pour des discussions portant sur «l'impact des programmes de surveillance sur les droits fondamentaux des citoyens de l'UE». «Notre confiance est ébranlée», a résumé l'Allemand Elmar Brok, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, à l'issue d'une rencontre avec des élus américains: «Il n'est pas acceptable, par exemple, que la chancelière (allemande Angela) Merkel et d'autres aient été espionnés pendant plus de 10 ans». La Maison Blanche a assuré que les opérations de surveillance devaient avoir pour but la sécurité des Américains, et démenti que les activités de la NSA aient eu des visées de renseignement économique. «Nous leur donnons des instructions», a de son côté expliqué Barack Obama dans un entretien télévisé à la nouvelle chaîne du groupe ABC, Fusion, à propos de la NSA. «Mais ces dernières années, nous avons vu leurs capacités se développer et s'étendre», a ajouté M. Obama. Réexamen des opérations «C'est la raison pour laquelle j'ai lancé un réexamen (de ces opérations) pour être certain que ce qu'ils sont capables de faire ne devienne pas ce qu'ils doivent faire», a encore dit le président, qui, selon Fusion, a, en revanche refusé d'évoquer la question de l'espionnage des communications d'Angela Merkel. La dirigeante de la puissante commission du Renseignement du Sénat américain, Dianne Feinstein, est allé plus loin en annonçant le lancement d'«un réexamen majeur» des opérations américaines d'espionnage. «En ce qui concerne, la collecte de renseignement sur les dirigeants des alliés des Etats-Unis - dont la France, l'Espagne, le Mexique et l'Allemagne -je le dis sans équivoque, j'y suis farouchement opposée», a affirmé Mme Feinstein, alliée politique du président Obama. En Allemagne, où les révélations sur l'espionnage présumé d'un téléphone portable de la chancelière Angela Merkel ont créé un véritable choc, les députés se réuniront le 18 novembre en séance extraordinaire pour discuter de cette affaire. Le magazine Der Spiegel, qui avait révélé les soupçons du gouvernement fédéral à cet égard, a assuré que le président Obama était au courant depuis 2010 de ce programme d'écoute -- ce qu'a démenti dimanche la NSA. L'Allemagne compte envoyer cette semaine aux Etats-Unis une délégation de hauts représentants de ses services de renseignement afin d'«avancer dans les discussions avec la Maison blanche et la NSA sur les allégations récemment évoquées», selon le porte-parole adjoint de la chancelière, Georg Streiter.