La tenue, demain lundi, d'une session extraordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou autour de «Tamazight, langue et culture : bilan et perspectives» suscite une vive réaction chez les élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). «Dans l'opinion, l'urgence et le choix des intervenants suscitent légitimement de multiples interrogations sur la crédibilité et les réelles motivations d'une telle démarche», lit-on dans une déclaration rendue publique hier par le groupe APW du RCD. «S'agit-il d'un marchandage politicien, prélude à la consécration d'un 4e et outrancier mandat? D'un alibi à la révision d'une Constitution sur mesure qui perpétue le statu quo, l'autoritarisme et le règne d'une oligarchie prédatrice ? Ou d'une alliance, maladroitement annoncée dans l'invite du tonitruant «patron» du FLN, promouvant la candidature du chef de l'Etat dans une région résolument opposée au système qu'il incarne ?» s'interrogent les rédacteurs du document qui disent «ne pas être associés à la préparation de cette session extraordinaire». Cette session, poursuivent les élus RCD, est d'autant plus suspecte que le FLN et le RND, fossoyeurs de l'identité amazighe et de sa reconnaissance institutionnelle, partenaires actuels du FFS qui a de tout temps refusé de prendre part aux sessions extraordinaires consacrées à des problèmes de sécurité, d'intempéries, d'incendies,du développement régional et de lutte contre la corruption, agissent avec un sectarisme sur un dossier supposé rassembler au lieu de servir aux manœuvres occultes. Les élus RCD de cette institution mettent en avant «l'exclusion de la liste des intervenants des militants connus dans le combat amazigh et des spécialistes, au demeurant nombreux, au profit des seuls représentants et affidés du pouvoir dont le seul critère est d'abord leur reniement et leur affligeante allégeance au chef de l'Etat». Un autre signe révélateur des desseins inavoués assignés à cette session, estiment les rédacteurs du document. Et de rappeler que «nul n'ignore que la réhabilitation de l'amazighité est une exigence de l'histoire qui passe nécessairement par le dépassement du système politique actuel à l'origine de ce déni», estimant que «tamazight, langue, culture et identité, ne peut être que l'objet de ces basses manœuvres de ceux qui l'ont combattue ou reniée». Enfin, le groupe RCD a appelé à la mobilisation et la solidarité de toutes les composantes politiques, sociales et culturalistes militant depuis des décennies en faveur de l'amazighité et de la citoyenneté qui requiert, corrélativement, une volonté politique claire et résolue pour réparer cette injustice et faire face à la stratégie de désintégration et de contre-développement visant particulièrement notre région, au lieu d'une vile manœuvre sans lendemain.