Avec quatorze œuvres récentes projetées, les 4e Journées cinématographiques d'Alger (JCA, 16-20 novembre) auront consacré une large part au court métrage algérien qui reste, au-delà des programmations occasionnelles, en quête d'espaces de projection et de nouveaux modes de financement, estiment les observateurs. Programmés aux côtés de films d'autres pays à la cinémathèque d'Alger, ces courts métrages, signés par de jeunes réalisateurs de différentes régions d'Algérie, ont révélé le manque d'encouragement et les difficultés que rencontrent ces auteurs, une réalité tangible au vu du niveau technique et de qualité d'écriture, jugés de facture inégale par les critiques. En dehors des manifestations occasionnelles comme les Jca — organisées par l'association «A nous les écrans» — ces réalisateurs sont confrontés à une quasi absence des espaces de projection et de débats cinématographiques qui les prive d'un environnement «propice» au développement et à la maîtrise de ce genre cinématographique. De l'avis des spécialistes du 7e art, l'émergence ces dernières années de cinéastes aux oeuvres primées dans des festivals en Algérie et à l'étranger, à l'exemple de Abdenour Zahzah, («Garagouz», 2010) ou de Mounès Khammar («Le dernier passager», 2011), ne constitue pas un indicateur suffisant pour juger de l'évolution du court métrage algérien. Les raisons d'un retard Pour le réalisateur et acteur Mennad Mebarek, qui a présenté «Iminig» aux JCA, le court métrage algérien a acquis ces dernières années une «bonne réputation dans les festivals internationaux» grâce «à la passion d'une poignée de réalisateurs et réalisatrices talentueux». Il estime que «le court métrage est au cinéma ce que la nouvelle est à littérature», un exercice nécessaire, mais juge «nsuffisante» la bonne volonté de ces jeunes réalisateurs tant que persisteront les «problèmes de distribution» et le «manque de soutien» des autorités publiques. Le cinéaste préconise le financement privé comme «voie à exploiter», en particulier pour améliorer la qualité technique des films au bénéfice de films ayant déjà reçus des aides publiques, à travers le FDATIC (Fonds de développement de l'art, des techniques et du cinéma), dit-il. Pour ce réalisateur ambitieux, qui a choisi le court métrage par conviction, la télévision est «le média idéal pour la diffusion (large) des courts-métrages», citant en exemple le rôle «important» de chaînes publiques européennes dans la «promotion du court-métrage et la sensibilisation à l'image». De son côté, le critique de cinéma Nabil Hadji évoque l'«absence d'une véritable dynamique» de production (pas plus de deux à trois films par an) malgré les possibilités offertes par les nouvelles technologies, caméras numériques et téléphones portables en tête. Le manque de formation des jeunes réalisateurs ne permet guère d'accéder à la maîtrise de ces moyens technologiques, largement utilisés dans le cinéma moderne ailleurs, ajoute-t-il. D'autres participants aux 4e JCA ont appelé à la «création d'un fonds d'aide ‘réservé exclusivement' au court métrage», sous la forme de prêts ou de subventions publiques, orientés vers un soutien «plus franc» aux créateurs. Contrairement à des pays proches comme la Tunisie ou le Maroc où le court métrage gagne de plus en plus en importance, le court métrage en Algérie reste à la traîne, malgré l'existence de talents avérés et une présence «plus qu'honorable» dans les festivals internationaux. Trente-cinq documentaires et courts-métrages dont 25 films algériens et 10 étrangers ont été projetés aux 4e JCA qui se sont terminées mercredi.