Le bras droit de Joseph Blatter, le Français Jérôme Champagne, le salarié de la Fifa entre 1998 et 2010, conseiller, secrétaire général adjoint et délégué aux projets spéciaux, puis directeur des relations internationales (1999-2010), a annoncé sa candidature aux élections de la FIFA de mai 2015. Son objectif étant de rendre cette institution transparente et donc démocratique. Diplômé de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, ancien pigiste à France-Football, (55 ans) depuis 2010. Année où il échafaude une vision politique élaborée du rôle de la Fifa au XXIe siècle. A «Jeune Afrique», il a confirmé que «c'est de l'hôtel Grand Connaught Rooms, à l'endroit même où fut fondée la fédération anglaise en 1863 que l'annonce fut faite». Pour lui, il est urgent d'améliorer l'image de ce sport, c'est pourquoi il a «envoyé aux fédérations affiliées ce document intitulé : «Quelle Fifa pour le XXIe siècle ? Son objectif est aussi de rapprocher les fédérations internationales pour les écouter et travailler sur une nouvelle stratégie. A une question relative à d'autres candidatures éventuelles, Il dira qu'il n'a pas décidé d'annoncer sa candidature par rapport aux autres candidats potentiels. Il est là pour défendre ses idées. «Le football va devoir faire face à des défis importants : la croissance des inégalités, la privatisation du jeu, le scepticisme vis-à-vis de ses institutions...» Une autre question, celle-ci a un rapport direct avec les inégalités qui secouent l'Europe et le reste du monde. Il reconnaît ce fait : «voir entre les clubs d'un même pays. Il y a davantage d'argent partout, en Afrique comme ailleurs. Pourtant, l'écart avec l'Europe ne cesse pas de se creuser. Ce continent reste voué à l'exportation, essentiellement vers l'Europe où les joueurs sont ensuite valorisés. La matière première est en Afrique, la valeur ajoutée ailleurs. En Europe, il y a vingt ans, le football était plus homogène. Des clubs néerlandais, norvégiens ou suédois pouvaient encore accéder aux quarts de finale d'une compétition continentale. Aujourd'hui, c'est presque impossible. A l'intérieur d'un même pays – Allemagne, Espagne ou France – deux ou trois clubs pas davantage, peuvent encore espérer gagner le titre. Or en Afrique, paradoxalement, on assiste à l'émergence de nouvelles nations de football comme le Cap-Vert, le Niger ou l'Ethiopie...» Le jeu des sociétés, des structures multinationales, écrasent le football, comment, s'est-il demandé, faire évoluer le football si des sociétés tricotent ce sport à leur manière et selon leur goût, ce qui selon lui, remet en cause l'autorité fédérale. 1% des ligues vit bien, dira-t-il, les autres souffrent. La mondialisation est pour lui une chance, à condition de ne laisser personne sur le bord du chemin. La vraie réforme de la Fifa, c'est celle qui doit poursuivre ce qu'elle fait depuis quarante ans. 30% de son budget est consacré aux programmes de développement mais il lui faut s'adapter au monde nouveau, rééquilibrer la représentation des uns et des autres au sein du comité exécutif et dans les phases finales de la Coupe du monde, où l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale sont sous-représentées. Est-il normal que l'Afrique par exemple, compte cinquante-quatre fédérations, mais seulement quatre sièges au comité exécutif ? Je propose par ailleurs d'accorder un siège de plus à ces confédérations pour la phase finale de la Coupe du monde, mais sans rien retirer aux autres. «L'élection de 2015 sera très importante car elle déterminera le tournant que prendra le football jusqu'en 2025 ou 2030. Nous avons besoin d'un débat en profondeur. La Fifa a, à la fois, besoin d'une nouvelle vision, et de s'appuyer sur ce qu'elle a bien fait depuis 40 ans, notamment l'universalisation du jeu et la promotion des programmes de développement», a-t-il déclaré en novembre dernier dans les colonnes du «Guardian» avant de préciser «veut-on que le football devienne comme le basket-ball avec une ou deux ligues dominantes à l'instar de la NBA, et une fédération internationale sans pouvoir de régulation comme la Fiba ? Ou que la mondialisation bénéficie à tout le monde ? Dans le second cas, nous avons besoin d'une institution plus procréatrice, plus respectée et plus démocratique». «Je souhaite que les ligues, les joueurs et les clubs aient des représentants au sein du comité exécutif». La corruption : «Je ne nie pas ce problème d'image, mais je trouve certaines critiques injustes. Joseph Blatter est injustement critiqué. J'ai travaillé avec lui de 1999 à 2010, et je peux vous dire qu'il a beaucoup fait pour le bien du football», dit-il. Blater a indiqué jeudi à la chaîne télé «L'Equipe 21» qu'il dévoilerait ses intentions de briguer ou pas un nouveau mandat «certainement avant le congrès» de son instance, les 10 et 11 juin à Sao Paulo. «Je répète ce que j'ai déjà dit: je ne suis pas encore assez fatigué pour prendre la décision de me retirer. Avec ça, tout est ouvert», a t-il souligné. Il sait brouiller les pistes et peser sur la stratégie de Michel Platini.