«Le lait pasteurisé en sachet ne correspond pas aux normes voulues et le consommateur n'est pas satisfait de sa qualité», souligne, Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce). Selon lui, les consommateurs signalent, à chaque fois et depuis longtemps, «une odeur et un goût anormaux». «L'association a même gardé des échantillons et a sollicité la direction du commerce de la wilaya d'Alger pour qu'elle effectue des analyses. Chose qui n'a pas été faite, car selon la direction, les laiteries disposent d'un outil d'autocontrôle», a-t-il dit. Pour exprimer la «mauvaise qualité» de ce produit censé contenir 15 à 20% de matière grasse et 103 grammes de poudre de lait par litre, des consommateurs l'assimilent à une «eau blanche» accompagnée souvent d'une odeur et un goût anormaux. «Le lait en sachet qu'on consomme n'est en réalité qu'un liquide blanchâtre. Cette situation s'est accentuée depuis plusieurs semaines notamment avec la pénurie du lait» et la hausse des prix de plusieurs produits laitiers depuis un mois, constate Saïd, fonctionnaire. Pour ce père de 5 enfants, les consommateurs, notamment ceux ayant des revenus bas, n'ont pas d'autres choix que de continuer d'acheter ce produit vu son prix abordable, car subventionné par l'Etat. Le non-respect des normes en matière de dosage en poudre de lait serait à l'origine de cet «arrière-goût». En effet, le cahier des charges reliant l'Office national interprofessionnel de lait (Onil) avec les laiteries impose 103 g de poudre subventionnée par litre, alors que ces dernières réduisent les doses pour produire d'autres produits laitiers, estiment des professionnels. La production nationale de lait pasteurisé en sachet a atteint 1,5 milliard de litres durant l'année écoulée, selon les données de l'Onil. Du côté des producteurs, le lait en sachet pasteurisé subit plusieurs tests et contrôles dès la réception de la matière première (poudre de lait) en passant par l'étape du dosage et du conditionnement, atteste M. Dahmani, directeur commercial à l'unité Colaital de Birkhadem, qui fournit l'essentiel de la demande en lait en sachet de la wilaya d'Alger. «Le lait produit par notre unité est déclaré conforme aux spécifications contenues dans le cahier des charges. En plus des contrôles effectués par notre laboratoire, la direction du commerce d'Alger effectue trois prélèvements par semaine pour vérifier la conformité du produit», a-t-il dit, affirmant qu'aucune plainte n'a été introduite suite à ces prélèvements. Un litre de lait de 25 DA est un lait pasteurisé, partiellement écrémé, contenant des valeurs nutritionnelles acceptables, selon un responsable du ministère du Commerce. «Le lait subventionné conditionné en sachet n'est pas, sur le plan nutritionnel, aussi riche que d'autres types de lait (lait entier ou lait de vache) dont les prix sont libres. C'est un produit conforme d'une qualité normale», estime le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Abdelhamid Boukahnoun. Les pouvoirs publics, ajoute-t-il, ont défini le dosage de matière première selon des normes internationales et des considérations liées au budget. Afin de préserver ses qualités nutritionnelles, un sachet de lait d'un litre doit contenir 98% d'extrait sec, ce qui représente 103 g de poudre de lait, précise-t-il. Ainsi, il est soumis à un «suivi particulier» se traduisant par un contrôle qui s'effectue sur deux phases: la première concerne les pratiques commerciales, la deuxième concerne la qualité. Sur le plan des pratiques commerciales, les agents de contrôle veillent à ce que les prix et le dosage soient respectés par les unités de production, alors que sur le plan qualité, le contrôle se fait sur le produit fini afin de s'assurer qu'il ne contienne pas des germes pouvant représenter un risque pour la santé du consommateur. A noter qu'en 2013, les services du contrôle ont mené 337 interventions sur 115 laiteries en activité. Les analyses effectuées sur les 1 087 échantillons ont révélé la présence de 100 échantillons non conformes, une dizaine d'unités privées «seulement» ayant diminué les doses en dessous des barres de 80% d'extrait sec.