Les Syriens sont en passe de devenir la population la plus importante au monde en nombre de réfugiés devant les Afghans, ont estimé mardi des responsables des Nations unies. Quelque 9,3 millions de Syriens, soit près de la moitié de la population, a besoin d'aide, estiment les Nations unies. Sur ce total, environ 2,4 millions de personnes ont fui le pays au cours des trois années de guerre civile. «Il y a cinq ans, la Syrie était le deuxième pays au monde pour l'accueil des réfugiés. Les Syriens sont désormais sur le point de remplacer les Afghans comme la population de réfugiés la plus importante au monde», a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés, Antonio Guterres, devant l'Assemblée générale des Nations unies. «Cela me brise le cœur de voir ce pays qui, pendant des décennies, accueillait les réfugiés d'autres pays, aujourd'hui déchiré et contraint lui-mêle à l'exil», a-t-il ajouté. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a promis aux 193 membres de l'Assemblée générale que l'Onu ferait tout pour mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité votée samedi dernier sur l'accès à l'aide humanitaire. «L'aide est prête à arriver dans les zones difficiles d'accès et dans les localités et les villes assiégées», a déclaré Ban Ki-moon. «Ce dont nous avons besoin est un passage en sécurité garanti pour l'aide humanitaire le long des axes clés». «Il incombe au gouvernement syrien et à toutes les parties en conflit de parvenir à ces accords», a-t-il dit. La Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a souligné devant l'Assemblée le rôle particulièrement meurtrier des armes «imprécises» telles que les barils d'explosifs. «Comme un témoin l'a décrit après une attaque contre un arrêt de bus, je cite : 'des corps sont arrivés en pièces, il y avait des morceaux de corps et des morceaux de véhicules qui pendaient sur le fil électrique'», a déclaré Navi Pillay à propos de faits qui ont eu lieu dans la seconde moitié du mois de décembre. Elle estime que des dizaines de milliers de personnes sont détenues dans divers centres de détention du gouvernement syrien. Elle a également critiqué «l'afflux d'armes et de combattants étrangers» parce qu'ils «réduisent les chances de parvenir à une solution politique». Selon la secrétaire générale adjointe pour les Affaires humanitaires, Kyung-Wha Kang, 4,3 millions d'enfants sont affectés en Syrie par le conflit auquel il faut ajouter 1,2 million d'enfants réfugiés. «Des enfants ont été tués, arrêtés, enlevés, torturés, mutilés, victimes de violences sexuelles et recrutés par des groupes armés. Ils ont été utilisés comme boucliers humains. Ils sont sous-alimentés», a-t-elle dit. «La Syrie risque de perdre une génération d'enfants.» Ban Ki-moon a appelé le gouvernement syrien à autoriser l'entrée en Syrie de personnel humanitaire en nombre plus important. «Il n'est pas crédible de citer des procédures bureaucratiques comme raison du retard quand c'est le gouvernement lui-même qui contrôle ces procédures», a-t-il déclaré. L'ambassadeur de Syrie aux Nations unies Bachar Djaafari a accusé l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie de jeter «de l'huile sur le feu de la crise syrienne». «Certains Etats, a-t-il déclaré, ont décidé de consacrer des sommes importantes pour soutenir des contrats d'armement et laisser des terroristes traverser les frontières au lieu de dépenser cet argent pour l'aide humanitaire à ceux qui en ont besoin».