Il s'est passé pour l'histoire de notre mouvement national, ce qui s'est passé pour notre religion, l'islam. Des esprits malins ou incultes ont poussé à des interprétations erronées, en diluant mensonges et propagande dans l'esprit de nos jeunes générations, qui ont fini par croire commme vrai ce qui ne l'était pas, allant jusqu'à tuer pour cela. De véritables fatawi meurtrières ont été faites à propos de l'histoire de notre mouvement national, qui ont, elles aussi, mené au fratricide. C'est pourquoi, tout en appelant de nouveau les populations algériennes à la plus grande vigilance, l'UDMA de Ferhat Abbas tient à élever une solennelle et vigoureuse protestation contre la répression collective – par l'armée et les CRS – qui se sont abattus sur tout le pays, et plus particulièrement contre l'utilisation de cette arme d'extermination et de destruction qu'est le napalm. «Le napalm sur les Aurès parce que Ben Boulaïd, le chef des Aurès, est entré dans l'insurrection au nom de Messali Hadj, Nabila Ben Boulaid : «Mon père a été chargé par Messali de prendre en main l'insurrection» La répression, la torture, la guerre, les bombardements, le napalm, une simple « faute de Mitterrand» ? Que certains écrivains à la solde de l'Elysée voudraient voir comme une erreur qui appelle à l'indulgence. La vérité serait que Mitterrand très au courant du mouvement nationaliste algérien, savait que les leaders du C.R.U.A n'avaient pas de structure organique et de ce fait ne présentait aucun grave danger pour la contestation de la légitimité de la France sur l'Algérie. Seul le PPA/MTLD était le plus important par son organisation et le nombre de ces militants, et présentait un réel danger pour la France, puisqu'il exigeait ouvertement l'indépendance de l'Algérie et le droit au peuple algérien à se gouverner par lui-même. C'est pourquoi la tête de ce parti, en l'occurrence El Hadj Messali devait être enfermé et constamment surveiller. Mitterrand et ces collaborateurs prenaient de l'importance au sein de l'Etat français, du fait qu'il représente le barrage à l'indépendance de l'Algérie, signifiant par la aussi qu'ils étaient les garants de la manne financière qui provenait d'Algérie. C'est donc normal que ce groupe de défense contre le nationalisme algérien soit au courant des moindres détails concernant tous les hommes susceptibles d'être meneurs d'hommes. Cela dit, il va de soi que Messali El Hadj était en haut de l'affiche, au fichier du ministère de l'intérieur dont la direction était assumée par François Mitterrand, qui savait très exactement à quoi s'en tenir avec cet homme rompus au combat politique, seul en Algérie capable d'entraîner avec lui tout le peuple algérien dont une grande partie l'adorait. C'était l'ennemi public numéro 1 de la République française. Cet homme, c'était l'ennemi politique numéro un pour la France coloniale. Dangereux parce qu'il était le seul à avoir un appareil politique et l'Organisation Spéciale (l'OS) qui le sous-tend, dont presque 2000 hommes n'attendaient que son ordre pour prendre les armes. Le staff spécialisé du cabinet du ministre de l'Intérieur François Mitterrand, avait établis sa stratégie, et fait le choix de l'adversaire. «Il valait mieux pour l'autorité française d'avoir à se battre avec des révoltés sans organisation, ni structure, et inconnus de l'opinion publique. Que d'avoir à faire à un Messali Hadj avec son charisme, son expérience, sa popularité et son Parti réorganisé depuis le congrès d'Hornu, en plus de l'organisation secrète qui a survécut à toutes les embuches. Et le choix s'imposait de lui-même à Mitterrand et ses conseillers. A savoir que, c'était le PPA/MTLD qui devait être détruit en commençant par le décapiter de son chef et ces principaux collaborateurs. Et c'est ce qui allait se produire. Les instructions furent données aux services spéciaux hautement connaisseurs des méthodes anti guérilla : déstabilisation et destruction des filières insurrectionnelles, par l'infiltration et la propagande, dont le but est d'entretenir les mésententes pour en faire des crises menant à des tueries. Et c'est ce qui a été fomenté entre les hommes du FLN/ALN et ceux du MTLD/MNA. Enfin que dire de plus à propos de Messali si ce n'est de rappeler, qu'il lui est arrivé ce qui était arrivé à l'Emir Abdelkader que nous avons longtemps blâmé, condamné, et soumis à la réprobation publique. Et sous prétexte qu'il avait cédé l'Algérie à la France, nous l'avons qualifié de traitre. Il en va de même pour Messali Hadj, dont il était interdit de parler il y a une quinzaine d'année. C'est depuis la débaptisassions de l'aéroport de Tlemcen au nom du père du nationalisme Algérien Messali Hadj que le sujet est à l'ordre du jour. Mais dans le débat sur ce patriote et ceux qui lui sont restés fidèles, il ne faut pas oublier qu'il avait en face d'eux une puissance mondiale, à savoir la France coloniale. Et il ne faut surtout pas oublier que cette France était instruite du génie malicieux de la Seconde guerre mondiale auquel allait s'adjoindre l'expérience indochinoise. Experts dans la manipulation et le retournement, les spécialistes de la politique coloniale avaient une armée de spécialistes pour combattre l'insurrection algérienne qu'il fallait étouffer et réduire les chances de succès au détriment d'une armée république française qui avait besoin de victoire pour redorer son blason. Mitterrand le spécialiste de la guillotine a décapité le mouvement national Algérien, en emprisonnant son leader et en aidant à ce que ses membres s'entretuent. Et après « l'indépendance de l'Algérie dans l'interdépendance de la France » et afin que rien de ces méfaits qui pouvaient gêner son ascension à la tête de l'Etat français ne remonte en surface, et ne transparaisse, Mitterrand a tout fait pour que la véritable histoire du mouvement national Algérien ne s'écrive, tel qu'elle a été réellement dans sa triple vérité historique humaine et morale. Les services spéciaux français ont une grande expérience dans la guerre psychologique et la manipulation des masses, leurs connaissances en ce domaine, se sont affinées en Indochine, alors cette machine de guerre qui s'était déjà frotté aux allemands, avait une efficacité que les évènements d'Algérie allait encore confirmer. Et à n'en point douter, les services spéciaux de l'armée coloniale ont attisé les dissensions pour que les militants de la cause Algérienne s'autodétruisent, cette auto-élimination facilitait aux forces du maintien colonial la tache de combattre la revendication d'indépendance algérienne. Mais dans tous les cas et quel que soit la force de l'ennemi colonial, il restera qu'en dernier ressort l'origine du fratricide FLN/ALN – MTLD/MNA , a eu pour cause, avant tout autre, la faiblesse humaine de certains patriotes avides de luxe et de luxure. D'autre par l'avidité du pouvoir, et le leadership, pour en fin de compte s'affaiblir au profit du colonialisme. Cependant chaque Algérien qui aimait l'Algérie et qui la voulait libre et indépendante a fait ce qu'il voyait être son devoir. Et quoi qu'il est fait, avec l'intention de servir la souveraineté de la patrie Algérie, son action doit être interpréter à sa juste valeur et servir au renforcement positif de la triple vérité culturelle « historique humaine et morale». Et puis une fois devenu Président Monsieur François Mitterrand n'eut aucune peine à instrumentaliser certains historiens pour que l'histoire vraie du mouvement national algérien ne soit révélée. Et cela était d'autant plus facile qu'il avait en Algérie le FLN qui lui aussi n'avait pas intérêt à ce que les nouvelles générations ne connaissent, ni l'histoire de Messali Hadj, ni celle du MNA, ni celle de tous ces hommes morts seulement parce qu'ils étaient fidèles à leur Parti. Le Président de la République Française, Mitterrand, s'est donné bien du mal en créant l'institut Maghreb Europe. Il est de notre droit de penser qu'il était bien entendu, de développer dans les Universités, dans les colloques, la presse et tous les médias, une Histoire politiquement correcte, consistant à faire du FLN, le seul dirigeant de la révolution Algérienne, en faisant l'impasse sur le combat mené par Messali Hadj et les Messalistes. Et c'est bien comme cela que même le congrès d'Hornu (Belgique) fut effacé de l'Histoire algérienne. Disant qu'il va de soi que le FLN/ALN est le successeur naturel du PPA/MTLD. La différence entre les deux réside principalement dans la façon d'envisager la mise à mort du système colonial. Dans ce sens, le FLN se démarque du programme du MTLD. Bien que ce dernier ait existé dans un contexte où les Algériens espéraient une solution politique, le FLN, quant à lui, a opté pour la solution de lutte armée de libération nationale. Cela dit, aucun chef ni du FLN, ni du MNA, à moins que ce soit pour des raisons de mobilisation, ne table sur la victoire militaire. En revanche, pour eux, l'éventuelle négociation doit conduire à l'indépendance nationale. Et à Gilbert Meynier de comparer l'OS à l'ALN : «C'est là une différence énorme avec l'ALN, formée en même temps que le FLN, et qui, d'emblée, ne se distingue pas du FLN. En somme, la différence avec le MTLD réside dans la situation historique : le MTLD est une institution du temps de paix, le FLN une institution du temps de guerre.» Cependant, la durée de la guerre va faire émerger de nouvelles têtes. Celles-ci pensent, avant la fin de la guerre, à l'organisation du pouvoir une fois l'indépendance recouvrée. Cette course pour le pouvoir va engendrer une crise alambiquée après l'indépendance. Le pouvoir est à celui qui montre une force persuasive. Enfin, cette vision prévaut encore et ce, malgré le demi-siècle qui nous sépare de la fin de la guerre. Et dans la lettre, que Didouche destinait à Boudiaf, Il est dit à la fin de la missive : «Mais lorsque la lutte de libération sera terminée et après l'indépendance totale, les survivants se trouveront marginalisés, que dirons-t-ils alors, lorsqu'ils verront les rêves du pouvoir et de la gestion brisés, à l'heure des fruits du combat révolutionnaire armé, passé entre les mains de personnes qui combattaient tous, l'idée d'indépendance ». «Au moment où nous serons sortis de la guerre d'indépendance, nous rentrerons dans des dissensions dont seul Dieu connait les conséquences sur les générations d'après l'indépendance.» Ainsi parler Didouche Mourad. C'est parce que l'on nie nos erreurs qu'on refait les mêmes, ainsi parler Messali El Hadj. (Suite et fin)