Il s'est passé pour l'histoire de notre mouvement national, ce qui s'est passé pour notre religion, l'islam. Des esprits malins ou incultes ont poussé à des interprétations erronées, en diluant mensonges et propagande dans l'esprit de nos jeunes générations, qui ont fini par croire commme vrai ce qui ne l'était pas, allant jusqu'à tuer pour cela. De véritables fatawi meurtrières ont été faites à propos de l'histoire de notre mouvement national, qui ont, elles aussi, mené au fratricide. L'Histoire du mouvement national dans sa globalité a besoin d'être assainie. Désacralisation et démystification doivent être nos objectifs constants et immédiats, si nous voulons sortir de l'impasse où nous ont fourré les opinions adoptées et suivies sans examen préalable. En effet, dans le PPA/MTLD, il y a eu scission du mouvement national, qui a abouti à ce que les militants s'entretuent l'un pour le FLN et l'autre pour le MNA. Toutes sortes d'arguments et de raisons ont été donnés à ces meurtres entres frères, mais aucune raison ni explication ne peuvent justifier pareils actes. La tuerie fratricide entre le FLN et le MNA, mouvement de Messali Hadj, a fait plus de 4 000 tués et 9 000 blessés en France et environ 6 000 tués et 4 000 blessés en Algérie, dans les deux camps. Ni les Oulémas, ni les modérés ne combattirent le système colonial. Le seul parti nationaliste qui a lutté ouvertement pour l'indépendance fut dénommé successivement ENA (Etoile nord-africaine), PPA (Parti du peuple algérien) et ensuite la combinaison PPA-MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Dans ces regroupements nationalistes, à chaque étape, Messali fut un fervent revendicateur de l'indépendance nationale et du droit au peuple algérien à se gouverner par lui-même. Et à cause de ses positions anticoloniales, il fut plusieurs fois condamné à la prison. Et lorsque ce n'était pas la prison, c'était la résidence surveillée. L'E.N.A., premier parti politique algérien, contrairement au courant intégrationniste – tous les autres mouvements –, revendique tacitement l'indépendance de l'Algérie. En 1936, le parti devient incontournable dans le paysage politique algérien. Pour Gilbert Meynier, « au moment du projet Violette, l'ENA se dissocia de tous les autres mouvements algériens. Ces plébéiens ne firent pas partie du Congrès musulman [le PCA, les Oulémas et le mouvement des jeunes Algériens conduit par Fer-hat Abbas]. Dans un meeting célèbre au stade d'Alger organisé par le Congrès musulman à l'été 1936 –le 2 août précisément –, et où Messali Hadj s'auto-invita, il refusa l'assimilation et revendiqua l'indépendance de l'Algérie.» En ce jour du 11 mars 1937, le Parti du peuple algérien (PPA) est fondé dans la ville de Nanterre en France par Messali Hadj. Après la dissolution de l'ENA - Etoile nord-africaine - par les autorités françaises, l'indépendance restait le seul objectif et la lutte ne s'est jamais interrompue. Il a été nécessaire, pour mener à bien une action légale en Algérie, d'utiliser les moyens légaux existant en France pour fonder le Parti du peuple algérien dont le siège a été transféré à Alger, revêtant ainsi une importance capitale pour le mouvement national. A l'époque Mitterrand était l'homme clé de l'Algérie française, et depuis les événements du 8 mai 1945, c'est sur le sort de cette Algérie en haillons et en sang qu'il a bâti sa réputation, en se rendant indispensable à l'Etat français. En effet celui-ci était devenu le protecteur de la France contre toute rébellion algérienne, et de cause à effet, il devint aussi le protecteur des biens que rapportait l'Algérie à la France. Avec lui, jamais l'Algérie ne devrait sortir de la tutelle de la France, et pour cela quitte à exterminer tout le peuple algérien et ceux qui se mettent en travers du chemin qu'il s'est tracé. Début 1943, prévoyant la faillite du nazisme après la défaite de Stalingrad, il met un pied dans la résistance, et un pied dans le pétainisme, sous le régime duquel il bénéficie de l'appui de Jean-Paul Martin, un haut fonctionnaire de la police qui le met en relation avec René Bousquet, secrétaire général de la police et principal organisateur de la rafle du Vel d'Hiv, suite à laquelle de nombreux juifs ont été envoyés dans les chambres à gaz. Pour des raisons obscures, Bousquet est blanchi à la libération par un tribunal d'exception. Reconverti dans les affaires, il va dès lors rendre des services importants à son nouvel ami François Mitterrand, en finançant une partie de ses campagnes électorales. François Mitterrand, agent contractuel dans le régime de Vichy, grâce à ses relations, allait grimper les échelons de l'Etat jusqu'à la magistrature suprême. Et c'est seulement là qu'il fut pris de remords et fit abolir la peine de mort. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, François Mitterrand, âgé de 28 ans, devient ministre des anciens combattants, puis ministre de la France d'outre-mer et ministre de l'intérieur dans le cabinet de Mendès France en 1954, quand débute la guerre d'Algérie. Il est ministre de la justice sous le gouvernement de Guy Mollet, lorsque les militaires reçoivent les pleins pouvoirs à Alger pour mettre fin au soulèvement par tous les moyens, et sénateur de la Nièvre entre 1946 et 1981. Mitterrand fut le principal responsable du rejet d'une solution démocratique au problème algérien – et l'ordonnateur de la guerre totale contre le mouvement national algérien qu'il savait mieux réorganiser après les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945. Il savait aussi que l'OS avait encore ses ramifications, et malgré la dissolution du PPA, celui-ci s'était encore mieux réorganisé dans le MTLD et il savait particulièrement bien que le moteur de cette machine révolutionnaire c'est Messali Hadj et ses hommes. Lorsque Mitterrand fut nommé ministre de l'intérieur et de l'Algérie dans le gouvernement Guy Mollet formé le 19 juin 1954 avec Jacques Chevallier comme secrétaire d'Etat à la guerre, il savait que celui-ci connaissait parfaitement le problème algérien, puisqu'il est maire d'Alger où tous les conseillers municipaux sont membres du Comité central du MTLD dont il connaissait la crise dans ses moindres détails. C'est par lui que Mitterrand connaissait tous les secrets du mouvement national et en a suivi toute la crise du MTLD, ouverte pendant l'été 1953 et qui s'est déroulée en quatre temps : la lutte pour le contrôle du parti (décembre 1953-avril 1954) qui se termine par le ralliement massif de la Fédération de France et des Kasmas d'Algérie au Comité de salut public créé par Messali. Le MTLD au bord de l'effondrement, Messali Hadj entame une démarche qui aboutira au Congrès extraordinaire d'Hornu (juillet 1954) et à la refondation du MTLD, avec une direction, le Conseil national de la révolution (CNRA), chargé de préparer l'insurrection en décembre 1954 après la session de l'ONU. Tout cela Chevalier et Mitterrand le savaient. Ce qu'ils ignoraient, c'est que le représentant de la Kabylie, Ali Zamoum, présent à Hornu, a rapporté à Krim Belkacem et Ouamrane, les décisions du Congrès. Donc, les Kabyles savaient que Messali avais pris la décision de déclencher la lutte armée avant la nouvelle année 1955. Ce que ne pouvait pas ignorer aussi Mostefa Ben Boulaïd qui en compagnie de Mestiri avait rencontré Messali Hadj à Niort, juste après le Congrès d'Hornu, où Messali ne pouvait être présent puisqu'il était assigné à la résidence surveillée. Le 2 octobre 1954, la déportation de Messali de Niort aux Sables d'Olonne en Vendée France, est le premier acte de la guerre d'Algérie, décidée par le seul Mitterrand. La réaction est vive. Des centaines de comités pour la libération de Messali se mettent partout en place ; des meetings et des manifestations sont organisés dans 45 villes de France et 62 en Algérie . Le 22 octobre, des manifestations de masse se déroulent à Alger, Bône, en Kabylie et dans le pays contre la venue de Mitterrand en Algérie (L'Algérie Libre, 30/10). De retour en France, Mitterrand et Chevallier préparent la guerre. Le 27 octobre, le général Cherrière, ancien membre du cabinet René Mayer, devient commandant interarmes, avec un état-major homogène, avec les généraux Pardes à Alger, Spillman à Constantine,Wiedespach-Thor à Oran. Le choix n'est pas fortuit et la liaison avec les préfets sera excellente car ils sont tous liés à René Mayer, l'homme du cartel des banques et du lobby colonial. Il en est ainsi du préfet de Constantine, Dupuch, ancien directeur adjoint de René Mayer à Matignon, de Jean Vaujour qui assure la liaison directe avec François Mitterrand, Cherrière et Chevalier. Le 29, tous les responsables civils et militaires tiennent à la Préfecture de Constantine un conseil de guerre. Enfin, le 31 octobre, Jacques Chevalier vient sur place stimuler les forces de sécurité et d'administration. Le mois de juillet 1954, à l'initiative du CRUA, eut lieu la réunion historique des 22, qui décida de l'option «lutte armée pour le recouvrement de l'indépendance ». - Le mois d'août qui suit, le CNRA, «Conseil national de la révolution algérienne», d'obédience messaliste, informe de la décision prise par Messali de passer à l'action armée avant le début de l'année 1955. (c'est-à-dire au plus tard le 31 décembre 1954). - Suite à quoi, en août 1954, Didouche Mourad dans son compte rendu à Boudiaf, écrit: «Messali Hadj considère qu'il est temps de passer à la phase de la lutte armée révolutionnaire, pendant que le Comité central estime que les conditions ne sont pas mûres pour cette action armée. Nous concluons à partir de ces deux positions que les militants en accord avec Messali Hadj, sont prêts à passer à l'action armée, et puisque nous voulons nous battre avec des armes, nous avons forcément besoin d'hommes prêt au combat et ce sera avec ceux qui ont ouvertement rallié Messali Hadj». (A suivre)