La défense du champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie, a demandé une suspension d'audience, hier, prise de court après le témoignage à charge d'un ami boxeur de l'athlète, au troisième jour du procès à Pretoria. Kevin Lerena, quatrième témoin cité par le parquet, a raconté comment en janvier 2013, lors d'un repas amical à quatre dans un restaurant de Johannesburg, un coup de feu est parti inopinément, tiré par Pistorius avec l'arme d'un ami, et qui a manqué de l'estropier. L'affaire n'est pas liée directement au procès pour le meurtre de Reeva Steenkamp le 14 février 2013 mais le parquet a joint au dossier cet incident qui accrédite la thèse d'un Pistorius ayant développé un goût maladif pour les armes. «Le coup est parti dans le restaurant, puis ça été le silence complet. Après le coup de feu, j'étais sous le choc. J'ai regardé en bas, et juste là où était mon pied, il y avait un trou dans le sol», a dit Kevin Lerena. «J'avais une petite égratignure au doigt de pied. Je n'étais pas touché ou blessé», a-t-il ajouté, décrivant être simplement allé aux toilettes pour essuyer le sang avec du papier. Un coup de feu accidentel dans un restaurant Il a remémoré au tribunal qu'Oscar Pistorius avait alors dit, «tout le monde est OK ?... C'était une erreur. Tout le monde va bien ?», avant de s'excuser, alors même que l'arme lui avait été passée sous la table avec l'indication qu'«une balle était enclenchée». Le coureur a ensuite demandé à un ami de porter le chapeau : «Je me rappelle qu'il (Oscar) lui a dit. «S'il te plaît, dis que c'était toi, il y a trop de médias à mes trousses». (...) Et Darren a alors porté le chapeau», a raconté le boxeur. Le champion handisport est également poursuivi pour infraction à la législation sur le port d'armes. Premier témoin à accepter d'être filmé par les télévisions retransmettant en direct le procès, Kevin Lerena a indiqué sur sa page Facebook n'être ni du côté de Pistorius, ni de l'autre. A la barre, il a affirmé n'avoir plus jamais reparlé de l'incident avec quiconque, «complètement choqué», jusqu'à ce que les médias du monde entier l'appellent quelques jours après le meurtre de Reeva puis la police. Au lieu de passer immédiatement au contre-interrogatoire, Barry Roux, l'avocat de la défense a réclamé «un peu de temps pour discuter». «On a été pris par surprise, bien sûr, on s'est préparé pour le témoin mais on a besoin de repasser nos notes», a-t-il dit, obtenant une longue suspension jusqu'à la fin de la pause déjeuner.