L'écrivain algérien Yasmina Khadra, qui a renoncé à se présenter à la présidentielle en Algérie, juge absurde et suicidaire la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, dans un entretien publié dimanche par le Journal du Dimanche (JDD). «C'est une absurdité, une fuite en avant suicidaire», déclare l'écrivain, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, interrogé sur la candidature du président sortant, favori parmi cinq autres postulants. «Cette histoire de 4e mandat trahit l'inconsistance d'un régime qui a gaspillé tous ses atouts et qui cherche des prolongations en misant sur un coup de théâtre. «Le régime est un zombie, un mort-vivant aux abois», juge encore l'auteur de «L'attentat» ou des «Hirondelles de Kaboul», qui vit actuellement en France. «Aujourd'hui, l'Algérie est un pays livré aux prédateurs et aux prévaricateurs, et ça semble arranger tout le monde, sauf le petit peuple», juge encore l'écrivain, âgé de 59 ans, et ancien commandant de l'armée algérienne. Il faut dire que la candidature de Bouteflika à la présidentielle algérienne du 17 avril n'est pas vraiment du goût de tous, surtout au sein de la puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Remous au sein de l'ONM, qui regroupe les anciens combattants de la guerre d'Indépendance algérienne. Dans un récent communiqué, elle s'était, pour la première fois depuis 1999, abstenue de soutenir la candidature à la magistrature suprême d'Abdelaziz Bouteflika. Furieux, Mohamed-Cherif Abbès, le ministre des Moudjahidine, a alors appelé le secrétaire général de l'ONM pour le convaincre de modifier les termes du communiqué et d'afficher clairement son soutien. Et c'est ce qui s'est passé. Mais cette volte-face a provoqué une certaine irritation au sein de l'état-major de l'ONM. L'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika préoccupe, par ailleurs les dirigeants des pays du Golfe, inquiets pour la stabilité de l'Algérie. Ils ont donc interrogé avec insistance le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, qui leur a rendu visite entre le 15 et le 19 mars. Ce dernier est en effet l'une des rares personnalités étrangères à avoir rencontré récemment (1er-2 février) le président algérien. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a lui aussi profité de son séjour à Tunis pour s'informer discrètement.