Contrairement aux précédentes élections présidentielles, les soutiens à la candidature de Abdelaziz Bouteflika se sont faits, cette fois-ci, de manière dystocique. C'est une succession de passages en force qui renseigne sur deux choses : qu'il ne fait plus consensus, même si celui-ci a toujours été factice et monter de toutes pièces. Que les partisans de Abdelaziz Bouteflika ne s'embarrassent point de scrupules, tant ils s'acharnent pour arracher un 4e mandat à tout prix. Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) vient de donner un exemple éclatant des déchirements qui ont atteint des organisations de la société civile qui sont appelées, souvent malgré elles, à prêter allégeance. Réda Hamiani et Ali Haddad, patron de l'ETRHB, qui ont dû reporter l'assemblée générale du FCE à plusieurs reprises à défaut de quorum – parce que la majorité des patrons n'était pas d'accord avec la démarche –, ont fini par tenter un coup de force. Le soutien au candidat Bouteflika s'est déroulé au forceps : sur les 300 membres de l'organisation, seulement 120 ont répondu présent à la réunion de l'hôtel El Aurassi qui a vu, faut-il le souligner, d'autres putschs, notamment celui du 29 août dernier où Amar Saadani a été intronisé à la tête du parti du Front de libération nationale (FLN), lors d'une réunion qui avait été pourtant interdite par le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative du pays. Mardi et mercredi derniers étaient des jours difficiles pour l'Organisation nationale des moudjahidine. Après avoir rendu public un communiqué dans lequel l'organisation de Saïd Abadou appelait les Algériens «à accomplir leur devoir électoral au cours de la prochaine présidentielle en toute liberté et à faire un choix responsable de la personne qu'ils estiment capable de diriger le pays», elle revient sur sa décision, 24 heures après, en soutenant expressément la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Pourquoi un tel revirement ? En ces temps de terreur, personne ne veut en parler. Mais une chose est sûre, le secrétariat de l'ONM a dû faire l'objet de remontrances de la part des alliés du président sortant. Saïd Abadou et une partie des moudjahidine soutiendraient la candidature de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis. La candidature de Abdelaziz Bouteflika n'a pas manqué aussi de provoquer des frictions au sein de l'Union des zaouïas qui lui sont traditionnellement fidèles. Leur réunion, qui s'est tenue dernièrement à Biskra, s'est terminée en queue de poisson et dans le désaccord entre partisans et opposants au 4e mandat. Les comités de soutien au programme du président de la République ne sont pas eux aussi sortis indemnes de cette cacophonie relative à la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat. Une partie de ces comités a proclamé son soutien au candidat Ali Benflis, alors que l'autre demeure à ce jour invisible. Le chef de l'Etat sortant, dont le bilan économique est nul et qui plus est, est amoindri par la maladie, suscite de moins en moins l'adhésion de la société civile à son ambition de rester à vie à la tête du pays. Il faut dire aussi, qu'hormis les soutiens intéressés et l'adhésion de certains sous la pression et la peur des représailles, la candidature de Bouteflika n'arrête pas d'élargir le cercle des opposants et de réveiller les élites algériennes d'une si longue hibernation.