Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l'époque, Amar Belani, a tenu à préciser que ce report avait été décidé d'«un commun accord» pour éviter toute mauvaise interprétation, notamment de la part du gouvernement marocain qui guettait le moindre faux pas chez le voisin algérien. Selon Irib, la visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry en Algérie fait déjà l'objet d'une vive controverse sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique, entre ceux qui la perçoivent comme «un grand acquis de la diplomatie algérienne et une belle opportunité pour l'Algérie de réaffirmer ses positions sur les questions de l'heure», et ceux qui, comme Louisa Hanoune, y voient «les prémices d'une ingérence américaine» dans les affaires algériennes, à un moment où le pays vit au rythme d'une campagne électorale très éclectique. Prévu en novembre dernier, le voyage du chef de la diplomatie américaine en Algérie a été reporté sine die, en raison de la tenue de la conférence internationale de Genève sur le nucléaire iranien. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l'époque, Amar Belani, a tenu à préciser que ce report avait été décidé d'«un commun accord» pour éviter toute mauvaise interprétation, notamment de la part du gouvernement marocain qui guettait le moindre faux pas chez le voisin algérien. La question est alors de savoir si John Kerry a bien étudié le timing pour effectuer cette première tournée dans la région ou c'est seulement, encore une fois, pour des raisons d'agenda. Mais il est clair que cette visite ne peut que s'inscrire dans le cadre des démarches entreprises par les Etats-Unis pour se redéployer dans le monde. En tête de leurs préoccupations : la situation qui demeure tendue dans la région du Sahel, mais aussi dans toute la sphère touchée par le mouvement du «printemps arabe», notamment en Libye, aujourd'hui menacée de désintégration. L'affaire du cargo pétrolier «protégé» par les Etats-Unis a donné la preuve que Washington n'a jamais quitté réellement ce pays, contrairement à ce que disent les déclarations officielles venant de Tripoli. Autre pays qui revient au devant de la scène : l'Egypte. Après la condamnation à mort de 529 membres des Frères musulmans, Washington a été la première capitale à dénoncer «une décision irresponsable et irraisonnée» des autorités égyptiennes. Après avoir soutenu le pouvoir des Frères musulmans pendant leur règne, les Américains ont, à un moment, menacé Le Caire d'interrompre toute forme d'aide avant de se raviser. Par ailleurs, John Kerry cherchera sans doute l'appui de l'Algérie dans le domaine de la lutte antiterroriste, où de graves failles, dues à une incapacité chronique de surveiller les frontières, ont permis une recrudescence sans précédent des attentats dans au moins trois pays de l'Afrique du Nord. Aussi, le chef de la diplomatique américaine aura certainement à examiner avec son homologue algérien l'évolution de la situation au Sahara Occidental et, forcément aussi, les relations politiques avec le Maroc, puisqu'il prévoit une visite dans ce pays lors de son périple.