Le Premier ministre malien a présenté la démission de son gouvernement, formé il y a sept mois, et a été remplacé par le ministre de l'Urbanisme et de la Politique de la ville. C'est ce que nous apprenions dans la nuit de samedi à dimanche d'une source officielle à Bamako. «Le président de la République (...) a mis fin aux fonctions de Oumar Tatam Ly, Premier ministre, sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement de la République», précise un communiqué officiel lu à la télévision nationale. Selon la même source, le président Ibrahim Boubacar Keïta «a nommé Moussa Mara, (actuel ministre de l'Urbanisme et de la Politique de la ville) Premier ministre (...) et l'a chargé de former un nouveau gouvernement». Le communiqué ne précise pas les raisons de la démission du gouvernement, sept mois seulement après la nomination de M. Ly comme Premier ministre en septembre, au lendemain de l'investiture du président Keïta. Le nouveau Premier ministre, Moussa Mara, 39 ans, avait été candidat au premier tour de l'élection présidentielle de l'été 2013 remportée par M. Keïta. Ce comptable, maire d'une commune de Bamako, avait remporté 1,5% des suffrages, sous la bannière de son mouvement, Yelema («changement» en bambara), qu'il a fondé en 2010. Il est le fils de l'ancien ministre de la Justice Joseph Mara qui avait été emprisonné pendant cinq ans à la fin des années 70, sous la dictature de Moussa Traoré. Rappelons que l'élection de M. Keïta, en août 2013, avait bouclé près de deux ans de soubresauts au Mali, après une crise débutée en janvier 2012 dans le Nord. M. Ly, un banquier de 50 ans, ancien conseiller spécial du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), était l'un des artisans du programme économique du président Keïta. Né le 28 novembre 1963 à Paris, agrégé d'histoire et diplômé en économie, Oumar Tatam Ly est le fils d'Ibrahima Ly, homme de lettres aujourd'hui décédé, militant de gauche engagé, et de Madina Tall Ly, diplomate et ancien ambassadeur. Premier chef de gouvernement du Mali post-crise, il s'était engagé «à relever les défis et missions qui lui ont été assignés par le président» Keïta, notamment le redressement et la réconciliation du Mali, déchiré par 18 mois de crise politico-militaire. Cette crise avait débuté en janvier 2012 dans le nord du pays par une offensive de rebelles touareg. Ils ont été rapidement supplantés par des groupes criminels et islamistes armés liés à Al-Qaïda qui ont pris le contrôle de cette vaste région une semaine après un coup d'Etat militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012. Attaque du domicile de l'ancien président La résidence privée de l'ancien président malien, Alpha Oumar Konaré, a été attaquée hier samedi à Bamako par une dizaine d'assaillants, dont l'un a été tué, a-t-on indiqué de sources concordantes. M. Konaré, président du Mali de 1992 à 2002, était absent de son domicile situé à la sortie est de Bamako, mais son épouse, l'historienne Adame Ba Konaré, était présente avec notamment ses petits-enfants. «Dans la nuit de vendredi à samedi, plus de dix personnes habillées en civil, ont coupé l'électricité dans le secteur, escaladé les murs et tiré à l'intérieur de la résidence de M. Konaré», a expliqué un élément de la garde officielle mis à la disposition de l'ancien président. «Pour le moment, on ne connaît pas les auteurs et les commanditaires. Mais ils voulaient aussi tuer. Nous avons riposté en légitime défense, c'est à ce moment qu'un des assaillants a été tué», a ajouté la même source.