L'opération d'évacuation des armes chimiques de Syrie a connu un nouveau retard, le régime devant encore remettre 8% de son arsenal qu'il avait promis de livrer au plus tard dimanche. Engagé depuis trois ans dans une guerre contre les rebelles, le pouvoir poursuit par ailleurs ses préparatifs pour la présidentielle du 3 juin, avec l'annonce de quatre nouveaux candidats, dont une femme, pour ce scrutin qualifié de «parodie de la démocratie» par l'opposition en exil et l'Occident. A l'expiration dimanche du délai pour l'évacuation de la totalité des armes chimiques, la chef de la mission conjointe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l'ONU, Sigrid Kaag, a appelé dans une conférence de presse à Damas le régime à respecter ses engagements. Il reste «7,5 à 8% du matériel d'armes chimiques, encore dans le pays, sur un site spécifique», a-t-elle dit en précisant que le problème était d'y «accéder». «Près de 6,5% doivent être évacués (pour être détruits à l'extérieur du pays)», tandis qu'un «petit pourcentage» doit être détruit sur place. Elle a espéré que l'«échéance du 30 juin sera respectée» pour la destruction de l'arsenal chimique syrien, conformément à un plan de désarmement mis au point après un accord russo-américain. Cet accord, conclu en septembre 2013 et approuvé par l'ONU, avait écarté la perspective d'une frappe américaine contre le régime syrien accusé malgré ses démentis d'avoir mené une attaque chimique près de Damas ayant fait des centaines de morts en août 2013. Respecter ses 'engagements' Tout en se félicitant de «la coopération très constructive» entre Damas et l'OIAC, Mme Kaag a souligné que «la Syrie doit respecter ses engagements en tant qu'Etat» membre de la convention sur les armes chimiques. Elle a dans le même temps assuré comprendre les défis posés par la question de sécurité de cet arsenal. Selon le programme initial de désarmement, le régime devait avoir évacué 700 tonnes d'agents chimiques de catégorie 1 et 500 tonnes d'agents de catégorie 2, pour le 31 décembre et le 5 février, respectivement. Après avoir manqué les échéances de plusieurs mois, il s'était engagé à achever l'évacuation pour ce dimanche. Pour justifier les retards, le pouvoir syrien avait évoqué le manque de sécurité en raison de la guerre, mais les puissances occidentales l'accuse de ralentir volontairement le processus. Mme Kaag a refusé de se prononcer sur les accusations françaises et américaines, réfutées par Moscou - un allié de Damas - sur l'utilisation récente contre un bastion rebelle d'armes chimiques par le régime, «probablement du chlore», affirmant que cela ne relevait pas du mandat de l'OIAC. Quatre nouveaux candidats Alors que le délai pour le dépôt des candidatures expire jeudi, le Parlement a annoncé quatre nouveaux candidats à la présidentielle organisée par le pouvoir dans les zones sous son contrôle. Au pouvoir depuis 2000 après le décès de son père, le président Bachar al-Assad n'a pas encore présenté sa candidature pour ce scrutin qui doit aboutir sans surprise à sa réélection. Le nombre de candidats s'élève désormais à six, tous peu connus du public, pour une élection organisée dans un pays ravagé par une guerre dévastatrice qui a fait plus de 150 000 morts en trois ans et plus de neuf millions de réfugiés et déplacés. Il s'agit de Sawsan Haddad, ingénieur mécanique, Samir Maala, professeur de droit international, Mohammad Firas Rajjouh et de Abdel Salam Salamé. Avant eux, Hassan Abdallah al-Nouri, membre de l'opposition tolérée par le régime et le député Maher al-Hajjar ont présenté leur candidature. Samedi, la présidence a affirmé vouloir organiser une élection «libre et transparente», face aux accusations de l'opposition la qualifiant de «farce». Selon la nouvelle Constitution, le futur président doit avoir vécu en Syrie de manière continue ces 10 dernières années, ce qui exclut de facto les opposants en exil. Jusqu'à présent, M. Assad - candidat unique comme son père- avait été choisi par référendum.