A une semaine du lancement des consultations en vue de la révision de la Constitution, les parties concernées, celles qui participent et celles qui boycottent, font connaître leurs positions respectives. Les projecteurs de l'actualité sont surtout braqués sur la position adoptée par les islamistes face à cette opération initiée par le président Bouteflika qui a désigné pour cette mission Ahmed Ouyahia, ministre d'Etat et directeur de cabinet à la présidence de la République. Les anciens du parti dissous se retrouvent éclatés en plusieurs positions divergentes, les uns avec l'opposition, elle-même divisée en plusieurs segments, et d'autres favorables à l'opération de révision constitutionnelle. Parmi ces derniers, Madani Mezrag a confirmé qu'il a été invité pour participer aux consultations qui seront dirigées par Ahmed Ouyahia et a fait comprendre qu'il ira au rendez-vous. Il critique ceux qui... le critiquent en expliquant qu'ils ont été déstabilisés par la position qu'il a prise. Des observateurs s'interrogent sur l'audace qu'il a de monter ainsi au créneau alors que, selon eux, il devrait plutôt se faire oublier. Curieusement, Madani Mezrag est optimiste sur l'après-révision constitutionnelle et sur l'avenir de la mouvance islamiste à laquelle il appartient. Autre islamiste à répondre à l'appel de la présidence, Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), qui a annoncé sa participation aux consultations pour l'élaboration d'une Constitution «à la hauteur des aspirations des citoyens», espère-t-il. Des observateurs estiment que cette façon d'agir découle de la pratique politique du pouvoir consistant à diviser les partis qui lui sont hostiles, en faisant appel à leurs dissidents et en suggérant que les autres ont un déficit de crédibilité et de représentativité. Quant aux partis politiques et organisations proches du pouvoir, aucun problème ne se pose de ce côté. Ainsi, l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a fait savoir qu'elle avait des propositions à soumettre concernant le projet de révision de la Constitution, à partir de l'examen de tous les volets et articles proposés par la présidence de la République. L'ONM s'est déclarée favorable à la révision de ce document et son adaptation aux exigences de l'évolution de la société algérienne ainsi qu'aux données nationales régionales et internationales. Parmi les organisations estudiantines qui ont reçu des invitations, l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) a annoncé l'ouverture d'un atelier pour débattre du projet de révision de la Constitution dans le cadre des consultations officielles auxquelles a appelé le président Bouteflika. Pour sa part, le secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, également ministre du Commerce, a fait savoir que les propositions de son parti ont déjà été préparées lors de l'université d'été et du quatrième conseil national, tenus en septembre dernier. On sait que les grandes propositions d'amendement de la Loi fondamentale telles qu'elles ont été transmises aux chefs de parti, aux personnalités politiques et aux organisations de la société civile, invités à participer aux consultations, concernent principalement les mandats présidentiels réduits à deux pour chaque président, l'indépendance du Conseil constitutionnel, l'interdiction de la transhumance politique pour les députés et la promotion des droits de l'homme. Elles ont été élaborées par une commission spécialisée mise en place au mois d'avril 2013. Mais les discussions n'auront aucune limite préalable, a indiqué Ahmed Ouyahia, hormis celles relatives aux constantes nationales et aux valeurs et principes fondateurs de la société algérienne qui sont immuables et ne sont pas révisables, et doivent par conséquent être à l'abri de toute atteinte éventuelle. A la fin de ce mois de mai, Ahmed Ouyahia va rencontrer les parties invitées à participer au projet de révision de la Constitution, pour définir une date, au mois de juin, pour recueillir leurs commentaires et propositions relatifs à la révision constitutionnelle.