Les invitations adressées aux membres de l'ex-Front islamique du salut et à l'émir de cette organisation terroriste a soulevé la colère et l'indignation des familles victimes de terrorisme. Ces dernières déplorent cet état de fait et indiquent qu'elles ne permettraient à personne de parler en leur nom ou de «marchander» avec le sang des martyrs de la décennie noire. Comme nous l'avons donné dans l'une de nos précédentes éditions, des invitations ont été adressées aux membres de l'ex-FISs dissous et à un émir du groupe armé de l'AIS en l'occurrence Madani Mezrag. Profitant de la révision de la Constitution et du dialogue que mène actuellement M. Ouyahia avec certains partis politiques, certaines voix se sont élevées, demandant le retour de l'ex-FIS dissous sur la scène politique. Certains ont même préconisé une éventuelle amnistie générale au profit de ceux qui ont mis l'Algérie à feu et à sang. Cet état de fait a fait réagir les nombreuses organisations des familles, victimes du terrorisme, indiquant qu'elles regrettent à ce que les assassins de leurs proches soient associés aux tractations relatives à la révision de la Constitution. «Nous ne permettons à personne de parler en notre nom ou de «marchander» avec le sang de nos proches», a indiqué Fatma-Zohra Flici, présidente de l'organisation des familles victimes du terrorisme. Cette dernière a ajouté que ceux qui souhaitent réunir autour d'une même table, les familles de victimes du terrorisme et les responsables de l'ex-FIS, doivent savoir que cet état de fait ne pourra se réaliser qu'en présence des martyrs de la décennie noire. C'est la même condition que posent les militants de l'Onvtad, indiquant que seuls les retour de Djilali Liabes, Tahar Djaout, les membres des forces de sécurité et les milliers de citoyens assassinés, aucune entrevue, réunion, ou transaction ne pourrait se faire en présence des ex-dirigeants et militants du parti dissous. Si le peuple algérien a voté la fameuse loi portant «Réconciliation nationale», c'est uniquement pour mettre fin à l'effusion de sang, a déclaré M. L. Rabah, membre de l'Onvtad. A ce même sujet, M. Rabah a indiqué que si la page a été tournée, cela ne veut nullement dire qu'elle a été déchirée. «Nous n'accepterons jamais le retour des «sanguinaires» sur la scène politique et nous refusons à ce que les égorgeurs et les violeurs qui ont utilisé l'Islam pour justifier leurs crimes, soient blanchis par le biais d'une quelconque amnistie générale. «Nous l'avons dit hier et auparavant, nous le confirmons aujourd'hui et vous pouvez poser la question autant de fois que vous voulez, nous vous répétons la même chose», a-t-il conclu. La réaction des membres des familles des victimes du terrorisme intervient quelques jours seulement après le rejet de la société civile d'un éventuel retour de l'ex-parti dissous sur la scène politique. Ces derniers ont également mis en garde sur une telle éventualité qui pourrait replonger le pays dans l'anarchie et la violence similaire aux années de braise. En somme, la majorité des citoyens restent convaincus qu'aucun responsable aujourd'hui n'est en mesure de commettre la même erreur que celle commise un certain 16 septembre 1989. Pour rappel seulement, ce jour-là et pour des raisons que seuls les auteurs de cette décision pourraient justifier, un agrément a été remis aux dirigeants de l'ex- Front islamique du salut et ce, en contradiction avec les textes et lois de la Constitution en vigueur.