Toutes les victoires se ressemblent, mais celle –ci est exceptionnelle de par son contenu, ses couleurs, sa tonalité, sa signification, son sens, ses raisons et surtout de part sa saveur dégagée par cette attente de 32 ans. Ce jeudi 26 juin 2014, dans les gradins du stade de Curitiba, le public algérien a tremblé, crié, chanté et finalement hurlé sa joie. Les Fennecs ont propulsé l'Algérie, première nation africaine du Nord, dans le carré des seize meilleures équipes du monde depuis le Maroc en 1986. Ce jour, les Algériens, face aux Russes, organisateurs dans quatre ans de leur Coupe du monde, l'ont fait. Ils ont fini par écrire leur belle histoire tant rêvée par des millions d'Algériens et d'Africains. Cette 68e minute de jeu restera inoubliable, elle a ouvert pour la toute première fois les portes d'un tableau final de Coupe du monde. Lundi prochain, les Fennecs se frotteront à l'Allemagne, auteure, il y a 32 ans, du «match de la honte». Ce sera un autre défi imposé par l'attaquant du Sporting Lisbonne qui est monté plus haut que toute la défense russe, pour catapulter le cuir au fond des filets, il a fait étalage de sa puissance et de son redoutable jeu de corps. Ils ont fini par inscrire le nom de l'Algérie dans les annales du Mondial 2014. Une première dans le football algérien jamais réalisée jusque-là, ni en 82, 86 ou encore en 2010. C'est la flamme du flambeau 1982 qui est à présent rallumée par cette nouvelle génération. Une génération qui vient de faire exploser aux yeux du monde entier les barrières des huitièmes de finale du Mondial 2014 pour s'installer confortablement avec ses quatre points au classement à la deuxième place. Chose que personne n'avait parié. Une victoire, une joie exceptionnelle partagée par la jeunesse du monde arabe. Une victoire signée par toute une équipe composée de 23 joueurs, staff, sélectionneur, adjoints, médecins, agents de sécurité... chacun a apporté sa pierre pour rendre tout cela possible. Demain, il y a un autre et étincellent défi à relever, celui de savourer, pourquoi pas, une victoire face aux Allemands, eux, qui jurent d'avoir leur revanche. Un bégaiement de l'Histoire, trente-deux ans après l'exploit de la bande à Rabah Madjer contre la RFA au Mondial espagnol (2-1), suivi du fameux «match de la honte» entre les Allemands de l'Ouest et l'Autriche (1-0), qui avait éliminé les Fennecs. C'est dire que l'Histoire ne pardonne pas, elle prend souvent sa revanche pour donner raison à ceux qui militent pour une juste victoire. Les avis des joueurs se complètent écrasés par cette émotion qui étouffe tout le monde. Feghouli dira à la fin du match : «Tout le monde a critiqué le mental de notre équipe, on est très fiers de cette victoire», que nous qualifierons a juste titre de séisme. Les résidents à l'étranger ont repris cette flamme de la qualification. En France, ils ont été pris à partie par la police et par une catégorie de citoyens de ce pays qui ne souhaitaient pas voir l'Afrique du Nord dans le carré des grands. Au cœur des capitales européennes, la même ambiance s'est imposée. Lundi, les Fennecs s'élanceront vers les buts allemands avec un objectif : pousser la marque Algérienne le plus loin possible en passant par une confrontation avec les Bleus. L'Algérie toute entière ne commente pas, mais dit tout simplement bravo a ses représentants. «Ce soir, on a eu un cadeau énorme qu'on est allé chercher avec abnégation et générosité. C'est beau une équipe qui se bat comme ça», a déclaré le sélectionneur bosnien, Vahid Halilhodzic, en conférence de presse. «Ici au Brésil, les gens apprécient notre comportement. Il y a de meilleures équipes que nous, mais notre équipe a gagné beaucoup de sympathie dans cette Coupe du monde... On n'a pas oublié, on parle tout le temps de ce match. Contre l'Allemagne, on sera la petite équipe contre la grande et les supporters brésiliens vont être de notre côté. On va tout faire pour ne pas les décevoir... Il faut maintenant se reposer. Ce soir, c'est ma revanche. J'ai gagné une bataille personnelle pour un pays qui attend cela depuis son indépendance», enchaîne-t-il.Par ailleurs, José Mourhino, avait déclaré à la veille du match : «C'est une équipe qui a surpris tout le monde. Elle a des joueurs qui jouent pour le maillot. J'ai été aussi impressionné par l'esprit d'organisation qu'elle renferme. L'Algérie est une équipe qui peut bousculer encore beaucoup de monde.» La suite est possible.