L'ex-président français Nicolas Sarkozy a été placé sous mandat de dépôt au niveau des locaux de la police judiciaire de Nanterre. Deux hauts magistrats et un avocat se trouvent également en garde à vue dans une affaire de trafic d'influence. L'ex-président français est arrivé hier à bord d'un véhicule noir aux vitres teintées au siège de l'office anti-corruption de la PJ, à Nanterre, avant qu'il ne soit placé en garde à vue dans une enquête ouverte pour trafic d'influence présumé. Les enquêteurs souhaitent l'interroger dans le cadre d'une affaire de trafic d'influence et de violation du secret de l'instruction où son nom est cité. Son avocat, Me Thierry Herzog, et deux hauts magistrats, Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, se trouvent en garde à vue depuis lundi passé. Une source judiciaire a indiqué que l'ex-président français Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue pour une durée de 24 heures, éventuellement renouvelable une fois. L'office anticorruption de la police judiciaire cherche à établir si l'ancien chef de l'Etat, avec le soutien de Me Herzog, a cherché à obtenir des informations auprès d'un haut magistrat sur une enquête le concernant en échange de la promesse d'un poste de prestige. Dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 26 février par le parquet national financier, les enquêteurs veulent aussi savoir si Nicolas Sarkozy a été illicitement informé de son placement sur écoute. Cette mesure, spectaculaire s'agissant d'un ancien président, avait été décidée en septembre dans l'enquête sur les accusations de financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007. Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy ont été placés sur écoute dans l'enquête libyenne dont Claude Guéant, Brice Hortefeux et Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale et ex-préfet de police de Paris. Ce dernier, qui a suivi l'ancien chef de l'Etat après la défaite de 2012 pour devenir son directeur de cabinet, tient plusieurs conversations qui interpellent les enquêteurs. Il semble notamment vouloir, en vain, se renseigner sur l'enquête libyenne auprès du patron du renseignement intérieur, Patrick Calvar. Les juges décident de placer à son tour l'ex-président de la République sur écoute, notamment le téléphone qu'il utilise sous l'identité d'emprunt de Paul Bismuth pour converser avec Me Herzog. Or, des échanges entre les deux hommes peuvent laisser croire qu'ils ont cherché à obtenir des informations auprès de Gilbert Azibert sur une décision cruciale attendue dans l'affaire Bettencourt. Cet état de fait est la première pour un ex-président de la République, qui a jusque-là toujours été entendu comme témoin. La presse française a indiqué que c'est du jamais vu qu'un ancien président de la République soit convoqué par la police judiciaire sous la Ve République.