Abdullah Abdullah, candidat à l'élection présidentielle en Afghanistan, a affirmé hier, mardi, devant plusieurs milliers de ses partisans réunis dans le centre de Kaboul qu'il était le vainqueur de ce scrutin. Cette annonce vient contredire les résultats préliminaires publiés lundi par la commission électorale indépendante et qui donnent plus de 56% des suffrages à son rival Ashraf Ghani lors du vote du 14 juin. «Nous sommes vainqueurs de ce (second) tour de l'élection sans que cela fasse le moindre doute», a déclaré à ses sympathisants Abdullah Abdullah qui rejette les estimations de la commission en affirmant que les opérations électorales ont été entachées de vastes fraudes. Abdullah accuse notamment le président sortant Hamid Karzaï, qui a accepté de céder la place après douze années de pouvoir, d'avoir contribué à la fraude en faveur de Ghani, ancien économiste de la Banque mondiale. «Le peuple d'Afghanistan m'a demandé d'annoncer mon gouvernement aujourd'hui. C'était et c'est une demande du peuple afghan. Nous ne pouvons pas ignorer cette demande. Une fois encore, je vous demande de me donner quelques jours pour des consultations», a dit Abdullah Abdullah. Le ton du candidat était apparemment plus mesuré après un entretien téléphonique avec Barack Obama et avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry attendu à Kaboul vendredi. «Le point principal dans les discussions avec le secrétaire d'Etat américain et avec le président (Obama) est que John Kerry va venir en Afghanistan vendredi et qu'ils ont promis de se tenir aux côtés du peuple d'Afghanistan pour défendre la justice, lutter contre la fraude et révéler la fraude», a-t-il ajouté. Les observateurs redoutent que le contentieux entre Abdullah et Ghani plonge l'Afghanistan dans le chaos politique en laissant le pays déjà largement divisé sur le plan ethnique sans dirigeant clairement reconnu. Abdullah est principalement soutenu par la minorité tadjike installée dans le nord de l'Afghanistan. Ghani est, lui, soutenu par les tribus pachtounes principalement implantées dans le sud et dans l'est du pays. Les partisans d'Abdullah se sont rassemblés sous une toile de tente géante dans le centre de Kaboul et ont scandé des slogans «mort à Karzaï» avant de déchirer un portrait du chef de l'Etat.