Donné grand gagnant du second tour de l'élection présidentielle du 14 juin dernier, Abdullah Abdullah a vigoureusement rejeté, hier, les premiers résultats provisoires qui ont décrété une « large victoire » de son rival, Ahraf Ghani. L'ancien chef de la diplomatie afghane, du temps du président sortant Hamid Karzaï, va plus loin en se déclarant vainqueur du scrutin devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés à Kaboul. Il réagissait à l'annonce de la commission électorale indépendante (IEC) donnant 56,4% des voix à Ashraf, contre 43,5% à son actif. Son équipe électorale a aussitôt dénoncé un « coup d'Etat » contre le peuple « fomenté par l'IEC ». Son porte-parole, Mujib Rahman Rahimi, a annoncé la rupture des contacts noués ces derniers jours avec le camp adverse pour tenter de trouver une solution à la crise électorale. Cela n'a pas empêché les partisans de Ghani de célébrer la victoire, mais la porte-parole du grand économiste, Azita Rafat, s'est gardée de tout triomphalisme : « Nous nous réjouissons de la publication des résultats préliminaires par la commission. Mais nous ne pouvons pas préjuger du résultat final que nous accepterons quel qu'il soit après l'examen des plaintes », a-t-elle précisé. Une déclaration qui va dans de la sortie du président de l'IEC, Ahmad Yusuf qui a précisé que les chiffres ne sont pas « définitifs » et qu'il fallait attendre l'étape de l'examen des plaintes. Ce nouveau rebondissement inquiète au plus haut point la communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis, principal bailleur de fonds et soutien militaire de l'Afghanistan depuis 2001. La porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, a indiqué que les Etats-Unis ont réclamé un examen « complet et approfondi » des accusations de fraudes en appelant les deux candidats à coopérer à l'enquête. Washington a également demandé aux autorités afghanes de ne pas se précipiter en déclarant l'un ou l'autre candidat vainqueur avant les conclusions de l'enquête. Auparavant, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi mis en garde contre toute tentative de prendre illégalement le pouvoir, menaçant de couper l'aide financière et sécuritaire au pays. Il a également mis en garde contre un éventuel « gouvernement parallèle » évoqué dans les rangs de Abdullah.