Après neuf mois de crise, Ghardaïa s'enfonce de nouveau dans des violences menées par des forces occultes. Il s'avère que tous les efforts déployés récemment par le gouvernement algérien se sont avérés vains, et cela en termes d'intensification de la présence des forces de sécurité – environ 12 000 gendarmes ont été mobilisés –, la distribution des lots de terrain pour dédommager les deux tribus, et la multiplication des visites des responsables politiques en vue d'apaiser la tension et trouver un terrain d'entente entre les deux parties en conflit. «La vallée du M'zab continue de vivre l'horreur, la désolation et la furie meurtrière», a fait savoir, hier, un membre de la société civile de Ghardaïa, Amar Bab Ismail, lors du sit-in organisé devant la maison de la presse Tahar-Djaout, avant d'ajouter : «Nous sommes épuisés par cette situation, on subit quotidiennement des agressions, au vu et au su de tout le monde, je le dis et je le répète, les options politiques menées sont inefficaces», a-t-il martelé. Il y a lieu de savoir que la détérioration de la situation sécuritaire dans la région a été accentuée par la présence d'intrus venus des autres wilayas. En effet, ces derniers ont investi dans le trafic des stupéfiants et le commerce illicite, des fléaux en expansion qui menacent la cohésion et le tissu social de Ghardaïa, une région connue depuis longtemps comme un exemple de coexistence entre deux cultures. Ces nouveaux phénomènes ont empoisonné le quotidien des habitants, ils ont réussi à semer de la zizanie, la fitna et la discorde entre les ibadites et les malikites, et créer des clivages et des divisions au sein de la société. Dans ce cadre, notre interlocuteur ne manque pas de pointer du doigt la partialité flagrante de certains policiers ; pour lui, ils sont impliqués dans cette affaire : «Il y a quelques jours, mon fils s'est fait agresser en pleine journée par un groupe mafieux, juste à quelques mètres d'un barrage de la police, nos enfants sont exposés à la précarité, le gouvernement plus que jamais doit mettre fin à cette crise, avant qu'elle ne prenne d'autres dimensions», lance-t-il. Dans le même sillage, le politologue algérien Mustapha Bakhouch, professeur à l'université du roi Fayçal en Arabie Saoudite, nous a affirmé que toutes les initiatives menées par le régime en place pour une sortie de la crise de Ghardaïa ont été un échec flagrant. Cet état des lieux soulève beaucoup de questions, en premier lieu, la région témoigne de l'absence de l'Etat et l'incapacité de ses institutions à s'adapter avec la diversité de cette communauté, et gérer en second lieu les conflits d'intérêts. Il relève la gravité de la situation ; la région est menacée à tout moment d'implosion, le bilan pourrait s'alourdir en raison de l'inefficacité de la politique du gouvernement qui refuse d'attaquer à la racine les sérieux problèmes auxquels les citoyens sont confrontés.