Depuis plus d'une semaine, la vallée du m'zab est le théâtre d'affrontements entre les deux principales communautés, mozabite et châambi. Maisons incendiées, commerces saccagés et des batailles rangées à coups de pierre entre jeunes, qui partirent de quartiers du souk et Hay El Moudjahidine pour s'étendre à d'autres quartiers, sont le lot quotidien de Ghardaïa. Le fait n'est pas nouveau, puisque le différend communautaire est aussi séculaire que l'est la présence de l'une ou de l'autre communauté. Telle une rengaine, il revient de manière cyclique depuis des années. Seulement voilà, la différence est que si par le passé les guéguerres, aussi graves qu'elles en avaient l'air, s'estompaient aussi vite qu'elles se sont déclenchées, loin des regards. En cette fin de 2013, la résurgence de ce conflit ne pouvait passer inaperçue, par le truchement des réseaux sociaux, dont se sont emparés des membres de la société civile, pour tenter de faire pencher l'opinion en faveur d'une des parties. C'est ainsi, qu'un militant des droits de l'Homme, Kamel Dine Fekhar, a accusé les services antiémeutes de «partialité», en appuyant ses propos sur des vidéos et photos en circulation sur le net. Or, ces dernières, qui ne reflètent qu'un seul angle de vue, trahissent les intentions de leurs auteurs. A se demander alors si elles ne s'inscrivent dans le sillage de la vidéo, sur le prétendu casse du magasin, que la police a démenti preuves à l'appui. Cela pousse à s'interroger également qui a intérêt à souffler sur la braise communautaire à Ghardaïa. Aussi l'intervention des brigades anti-émeute pour mettre un terme aux heurts entre les jeunes, en procédant aussi à des interpellations de manifestants, n'a pas eu les résultats escomptés. Les affrontements n'ont cessé que momentanément pour reprendre de plus belle. Le tout devant les accusations mutuelles des jeunes des deux quartiers d'être responsables des affrontements. Sans raison apparente, ces affrontements qui, aussi circonscrits soient-il, dans un seul quartier, ont suscité la désapprobation des habitants de la région du M'zab. Ils ont pour effet de toucher de plein fouet son potentiel économique, qui ne s'est pas limité à des segments porteurs tels que l'artisanat et le tourisme, mais à paralyser cette wilaya qui représente une plateforme économique pour toute la région. D'où l'urgence de rechercher des solutions durables au différend entre les deux communautés. Cependant, devant l'échec de la solution sécuritaire pour éteindre cette «fitna», il ne reste plus qu'à encourager les protagonistes à suivre la voie du dialogue. L'on rappelle qu'à la veille de la récente visite de travail du Premier ministre, M. Sellal, dans cette wilaya, une réunion a regroupé les sages des deux communautés, pour désamorcer la crise, qui avait éclaté peu auparavant dans la ville de Berriane. Le chef de l'exécutif avait aussi réservé l'essentiel de son discours à l'impératif du dialogue et de la coexistence, dont il a loué les vertus, et a souligné l'apport de la stabilité au développement économique de la wilaya. Auparavant, les efforts de l'Etat sous la conduite du précédent ministre de l'Intérieur, Ould Kablia, ont abouti en 2010 à l'élaboration de la charte de Berriane, laquelle devait réconcilier les représentants des ibadites et des malékites, et consacrer le retour à la paix définitive dans la région. Malheureusement, cet accord n'a pas fait long feu. La raison en est qu'il a tenté de régler le conflit que du seul aspect confessionnel -entre ibadites et sunnites-. Mais, pour les observateurs, cela s'avère inefficient, pour cette région en proie au chômage, à la surpopulation et la mal vie. Et ce n'est pas fini, puisque d'autres avanceront aisément d'autres aspects liés au désinvestissement de l'Etat dans la région qui, jadis, s'auto suffisait mais est aujourd'hui en proie aux problèmes économiques, comme nombre de localités délaissées dans le reste du pays. A. R.