Des dizaines de Mozabites se sont donné rendez-vous, hier, à la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. Un rassemblement pour dénoncer la mort d'un homme d'une quarantaine d'années à Ghardaïa. C'est le deuxième rassemblement dans la capitale, pendant ce mois de Ramadhan, après celui organisé il y a quelques jours à Alger. Les contestataires demandent à l'Etat d'intervenir et d'assurer son rôle, de rétablir le calme et la sécurité dans la région. «Est-ce que le Président est au courant de ce qui se passe à Ghardaïa ?» nous dit un manifestant . «Nous lui lançons un appel afin de mettre un terme à ce carnage, à l'extermination des Mozabites. A Ghaza, ce sont les Israéliens qui tuent les Palestiniens parce qu'ils sont musulmans, à Ghardaïa, ce sont des musulmans qui s'entre-tuent au nom de la religion !» tonne un manifestant. Il s'agit de la dixième victime selon les manifestants. Ces derniers dénoncent le laxisme des autorités et interpellent la police locale à faire son travail convenablement, et demandent de placer les événements de Ghardaïa au premier rang des préoccupations avant de s'engager dans ce qui se passe à l'étranger, faisant allusion au conflit israélo-palestinien. «On tue à Ghardaïa et on nous dit que se sont des accidents de la circulation !» s'étonne un Ghardaoui accompagné de ses deux enfants. La demande d'ouverture d'une enquête transparente et approfondie pour identifier les auteurs et leur infliger les sanctions les plus sévères, conformément aux principes de la République et en consécration des principes de citoyenneté et d'égalité devant la loi, était la plus revendiquée. Hier, les contestataires ont brandi des banderoles et des portraits des victimes, en scandant des slogans contre la violence. Ghardaïa pleure ses enfants innocents. Ça sent l'odeur de la complicité, clament des citoyens de Ghardaïa. «Nous demandons de classer ces faits comme étant des crimes, d'arrêter les coupables et terminer avec l'apartheid à Ghardaïa.» La population locale vit au rythme des affrontements. Des propriétés saccagées, brûlées et des blessés ont été enregistrés, jeudi, dans la matinée de jeudi, à Souk Lahteb, à Ghardaïa, lors des affrontements qui ont éclaté après la mort d'un Mozabite, victime d'un accident de la circulation. Un motocycliste, d'une quarantaine d'années, a trouvé la mort, vers 5h, en percutant, accidentellement, un camion en stationnement, au quartier Aïn Lebeau, à Ghardaïa, selon la cellule de communication de la sûreté de la wilaya citée par l'APS. Des enquêtes contradictoires ont été ouvertes par les différents services de sécurité pour déterminer les circonstances exactes de l'accident. Par ailleurs, le wali a tenu à demander, à l'ensemble de la composante de la société ghardaouie, d'être solidaire, notamment en ce mois de Ramadhan. Le Conseil des notables mozabites des ksour de Ghardaïa a dénoncé, de son côté, un «autre crime» perpétré contre le motocycliste, sans apporter les preuves nécessaires à une telle allégation. La société civile mozabite, fédérant des comités de quartiers et des organisations de jeunes, en appelle aux plus hautes autorités du pays pour «arrêter l'effusion de sang et fermer la porte à la fitna», dénonçant un autre «crime gratuit», similaire à celui de l'étudiant mozabite, Aouef El-Yassaâ, assassiné à coups de pierre au deuxième jour de Ramadhan.